
Suite à la publication par le Gouvernement du guide des bonnes pratiques à propos de la reprise des chantiers de construction, l’Ordre des Architectes et l’UNSFA (l’Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes) n’ont pas tardé à réagir. Les architectes « paient un lourd tribut économique à la crise » et aimeraient « pouvoir reprendre [leurs] activités et assurer la maîtrise d’œuvre de [leurs] chantiers ». Ils considèrent que le guide, « malgré tout l’intérêt d’avoir enfin un support pour organiser les interventions, ne suffit pas ». Les architectes proposent de « travailler avec le Gouvernement sur le rôle des différents acteurs pour gérer cette période et aborder les dispositions nécessaires à mettre en œuvre selon les différents cas de figure rencontrés ».
« Ce guide permet-il vraiment une reprise d’activité du secteur ? Apporte-t-il une réponse au discours paradoxal du Gouvernement qui appelle à un confinement de plus en plus sévère et qui, dans le même temps, pour des raisons économiques, demande au secteur du bâtiment de reprendre le chemin des chantiers ?
Le guide a pris en compte plusieurs des remarques émises, mais la question reste entière de savoir quand et dans quelles conditions il pourra effectivement être utilisé.
Est-il vraiment adapté à la situation sanitaire et logistique d’aujourd’hui ? Et qu’en sera-t-il dans deux semaines ou quand le déconfinement progressif de la population commencera ?
Quand les entreprises auront-elles les masques, le gel hydro alcoolique et autres matériels pour respecter les mesures proposées ? Certainement pas avant que toutes les populations prioritaires en disposent en nombre suffisant, c’est-à-dire les soignants, les malades, les résidents des Ehpads, les personnes à risque et toutes les personnes exposées qui réalisent des missions d’intérêt général.
Quand pourrons-nous considérer comme raisonnable que le secteur du bâtiment, le plus accidentogène, avec environ 7 000 à 8 000 accidents du travail par mois, puisse reprendre son activité sans engorger davantage les services d’urgence des hôpitaux ?
Enfin, les conditions d’intervention déterminées dans le guide sont suffisamment contraignantes pour que l’on se pose réellement la question du rythme et des coûts d’une reprise anticipée des travaux ».
Et de conclure : « il faut attendre que le comité scientifique et les médecins spécialisés dans ce type de pathologie donnent un avis favorable à une reprise d’activité sans risque pour toutes les personnes qui se rendent sur les chantiers, mais également sans risque pour la population. Il est, en revanche, envisageable dès aujourd’hui, en respectant strictement les consignes de sécurité du guide, d’organiser certains chantiers sans co-activité ou de travaux publics ».

Valérie Garnier
Directrice de la rédaction