Quartus se singularise, notamment en exploitant une usine de terre crue et en l’utilisant dans ses immeubles. Pourquoi ce choix ?

Emmanuel Launiau : parmi nos engagements figure le fait que toute nouvelle opération Quartus intégrera en conception des matériaux biosourcés, géosourcés ou issus de réemploi. La terre crue répond à l’évidence à cet engagement. Nous avons eu également l’opportunité à Sevran de nous engager dans le beau projet France Terre, une fabrique qui utilise les remblais du Grand Paris Express (et qui pourrait produire jusqu’à 10 000 tonnes par an): une démarche qui correspond parfaitement à notre identité. Nous sommes un opérateur qui a une échelle et une taille lui permet- tant la meilleure proximité des enjeux et des territoires. Le site, c’est le projet. Cela signifie qu’on ne veut pas s’enfermer sur un seul mode de production, nous regardons et utilisons tous les matériaux dictés par le site en lui-même.

Cette utilisation de « nouveaux » matériaux constitue une grande évolution de l’activité de promoteur…

Incontestablement : notre métier qui était un métier de matière brute devient un métier de matière grise. Chez Quartus, nous souhaitons apporter à tous nos clients notre compétence bien sûr, nos idées et même notre goût du risque et de l’innovation. Notre taille nous permet une réelle agilité face aux demandes des consommateurs et des élus. Notre attitude responsable face aux défis de la ville d’aujourd’hui et de demain passe par la bonne compréhension des enjeux climatiques, mais aussi de cohésion sociale et j’ajouterai de beauté des espaces. Je pense que la beauté est essentielle dans nos métiers : travailler avec des grands et novateurs architectes, nos partenaires à part entière, est aussi une exigence pour Quartus.

Vous allez désormais, pour chaque projet, faire appel à un écologue. Pourquoi ?

Soyons honnêtes : ingénieurs, concepteurs, fabri- cants, nous connaissons mal les cycles de la nature. Il est important de s’entourer des conseils avisés d’un écologue pour définir nos choix d’arbres et de plantations, d’emplacements, de localisation. Mieux gérer le paysage, dans le but de faire revenir les espèces vivantes, mieux intégrer l’immeuble dans la nature qui l’entoure. Et cela, toujours bien sûr avec le souci de la cohérence avec l’implantation géographique et les territoires.

Vous insistez également sur la réversibilité des immeubles…

C’est, en effet, une préoccupation absolue et un défi majeur des années à venir. Nous prenons l’engagement d’étudier la réversibilité pour toute nouvelle opération. C’est un sujet techniquement complexe car il nécessite la plupart du temps une hauteur sous plafond plus importante et cette hauteur nécessaire est souvent en contradiction avec le PLU. Il est important de penser à ce sujet : aujourd’hui, dans la RE 2020, la durée de vie prévue pour les immeubles est de 50 ans. C’est aberrant ! Certains, hélas, ont une durée de vie moindre (essentiellement quand ils ont été mal conçus), mais il faut que nous nous attachions à ce qu’ils durent plus longtemps et pourquoi pas avec des usages très différents tout au long de leur utilisation! Nous étudierons donc systématiquement le pas d’étage pour que l’on puisse faire évoluer l’immeuble.

Quels sont aujourd’hui vos projets et vos ambitions pour Quartus ?

Nous avons aujourd’hui un projet d’entreprise qui s’est clarifié et est devenu robuste. Pour les profes- sionnels, comme pour les clients et partenaires, cette sincérité est bien perçue. Nous en avons eu une preuve très claire lors d’une opération de financement que nous avons menée cet été avec le soutien de trois établissements bancaires majeurs : BNP Paribas, la Socfim et la Bred. Le signe que pour toute la communauté immobilière et financière, Quartus compte. Dans un contexte complexe (qui allie augmentation des coûts de production, hausse des taux d’intérêt, prix du foncier et ambition écologique), notre défi est de construire une ville abordable et durable. Il faut donc avoir des idées. Et nous n’en manquons pas. Je veux faire de Quartus l’entreprise du premier jour…

Emmanuel Launiau (Quartus) : « notre métier devient un métier de matière grise »