Comment se déroule la reprise pour Nexity ?

Notre première préoccupation lors du confinement fut de fermer les chantiers par mesure de sécurité ; lors du déconfinement, ce fut de les rouvrir le plus rapidement possible. A l’heure actuelle, tous les chantiers tertiaires ont redémarré en Ile-de-France et en régions, et nous en sommes à 100 % des capacités en terme d’effectifs. Cependant, sommes-nous à 100 % de notre productivité ? Il m’est difficile de le dire, en raison de l’application des règles sanitaires. Les commercialisations se poursuivent comme prévu. Nos équipes ont eu hâte de reprendre le travail, à l’instar de nos entreprises partenaires, et la reprise se déroule bien, malgré le choc très fort que Nexity a subi.

Quelles initiatives avez-vous prises pour permettre le retour au bureau ?

Nous avons appliqué toutes les consignes de sécurité et j’ai demandé, très vite, à ce que la direction centrale des achats du groupe se procure des masques pour nos équipes jusqu’aux salariés de nos plus petits partenaires… Nous avons mis en place une offre, « FlashCare », pour proposer des solutions aux entreprises afin de faciliter le retour au bureau, changer les rythmes de croisière et permettre aux salariés de se sentir en sécurité. Nous appliquons de façon très pragma- tique les règles que nous nous sommes fixées à nous-mêmes. Nous sommes beaucoup consultés à propos de cette offre, à l’instar de toutes nos activités de property management, qui furent très sollicitées pendant le confinement, pour la renégociation de baux et la remise en route des bâtiments tertiaires. Cette activité a permis un gain d’expérience considérable grâce à la diversité des immeubles que nous gérons. Dans ce patrimoine, nous avons également des utilisateurs tels qu’EDF ou Enedis qui, eux, se devaient de poursuivre leur activité pendant le confinement.

Le télétravail a explosé pendant le confinement. Celui-ci va-t-il modifier les comportements sur la durée ?

Forcément. Néanmoins, je pense profondément que le télétravail ne peut pas être un projet de société, que l’on ne peut pas être, tous, assignés à résidence dans nos logements ad vitam aeternam. Il faut que la société respire et se rencontre. Nexity avait déjà mis en place une journée de télétravail par semaine et il n’est pas impossible que les syndicats nous en demandent davantage. Le télétravail peut faciliter la vie de certains mais, à titre personnel, je constate que le retour auprès de mes collaborateurs et de mes collègues m’a permis de retrouver une véritable créativité, même si j’ai été très active pendant le confinement. La réflexion vient de l’échange et ce dernier, via Microsoft Teams, est, pour le moins, très sec.

Le confinement fut, au fond, comme un trait de crayon appuyé, un accélérateur : il y a un an et demi, lorsque Nexity Solution Entreprises fut lancé, nous pensions déjà que l’offre devait être centrée sur le salarié et l’entreprise utilisatrice et que le bureau devrait être un véritable lieu d’échanges et de création. Nous constatons, au sein des entre- prises, l’envie d’encourager les équipes à rentrer au bureau. Dans « siège social », il devra y avoir, plus que jamais, le mot « social ». A long terme, ce phénomène viendra accélérer l’obsolescence des bureaux : les flex-offices sont beaucoup moins gérables en période de pandémie sous-jacente. Nous n’avons aucune certitude que la crise sanitaire impactera le nombre de mètres carrés, et nous ne le pensons pas, mais les bureaux vont certainement se dédensifier. Plus que jamais, l’entreprise aura son rôle social à jouer. Le bureau est aussi une forme de liberté, où l’on rencontre des métiers différents, des milieux différents : plus que jamais, il devra inciter les salariés à travailler ensemble.

La crise sanitaire a-t-elle modifié votre stratégie ?

Nous sommes présents du début jusqu’à la fin de la vie des bureaux, en tant qu’aménageur, promoteur, property manager et utilisateur. Nous avons pris une participation dans « Morning, » et AntiKfé afin de mieux connaître le coworking et les nouvelles façons de travailler : ce qui nous intéresse dans le coworking, c’est le « co-« , comment faire travailler les gens ensemble, soit l’essence même du bureau. La crise n’a fait que renforcer ces tendances-là et notre volonté d’aider les entreprises à s’installer dans un bâtiment et en faire un endroit pour attirer les collaborateurs et les talents, et accélérer l’innovation. Nous avons développé une vraie compétence en matière de restructuration d’immeubles (par exemple, avec l’ancien siège de la Région Ile-de-France, l’aérogare des Invalides et l’ancien siège de RTL, rue Bayard) et la tendance à l’obsolescence évoquée précédemment encouragera ce travail-là. Notre politique RSE, qui fut récompensée en 2019 et qui voit toujours Nexity construire un tiers de ses programmes tertiaires en bois, est tout autant encouragée. Avant même que le Président de la République n’encourage la rénovation énergétique, nous incitions déjà fortement les copropriétés à rénover leurs bâtiments. A l’heure actuelle, Nexity peut construire un quartier totalement bas carbone en exploitation, en construction et en mobilité, tout en encourageant la réversibilité des bâtiments, comme c’est le cas Porte de Montreuil à l’heure actuelle.

La structure de Nexity en tant que plate-forme de services est-elle un atout face au contexte économique actuel ?

J’en suis convaincue. Les entreprises s’interrogent énormément sur les façons de s’organiser demain, du logement des salariés jusqu’au siège social en passant par les tiers lieux ou le coworking. Nous sommes capables de les aider à réfléchir sur l’ensemble du sujet : nous ne vendons pas à nos clients des mètres carrés, mais des services sur tout le continuum. L’ensemble de nos savoir- faire nous prépare à demain.

Véronique Bédague (Nexity) : "le télétravail ne peut pas être un projet de société"