« Il est important de rappeler le choc considérable de cette crise, sur l’ensemble des secteurs excepté l’alimentaire, tant sur les taux de fréquentation (entre 80 et 90 % de baisse) que sur les chiffres d’affaires. Après la crise des gilets jaunes en 2018, et l’épisode des grèves en 2019 et début 2020, le secteur se trouve à nouveau fragilisé » fait valoir CBRE.

« Autour du secteur alimentaire, qui est le seul à sortir son épingle du jeu, se forme deux tendances qui préfigurent le retour au commerce de demain : la progression nette de la consommation sur les formats de proximité et la part du marché lié au digital en nette progression (7 % avant le confinement et 10,5 % actuellement) avec l’envol du « drive » et les livraisons (+70 %). La consommation digitale suit peu ou prou la consommation globale et reste négative, cependant l’augmentation du chiffre d’affaires dans le digital (+20 %) ne représente que 3 % du chiffre d’affaires perdu par le commerce physique. Le digital s’inscrit donc à nouveau comme un complément au commerce physique et non comme un substitut » constate Jérôme Le Grelle.

« Si notre regard se tourne vers l’Asie, la Chine redémarre lentement avec des chiffres d’affaires situés entre 50 et 60 % et des niveaux de trafic qui évoluent à peine plus. Pour la France et l’Europe, la reprise sera certainement plus lente et laborieuse avec un contexte économique pré-confinement moins dynamique. Les enseignes espèrent pouvoir retrouver la normale d’ici la fin de l’année ou le début de l’année prochaine en fonction de l’évolution du déconfinement » souligne CBRE.

« Pour les enseignes, les perspectives s’inscrivent dans une vision de survie à court terme avec des besoins de financement importants appuyés par l’État, des enjeux d’exploitation simple d’écoulement des stocks et du traitement des loyers avec les bailleurs » explique le directeur retail, qui poursuit : « en témoigne la fragilité des grands centres commerciaux avec une répercussion de la crise sur les modes de consommation : contrôle des flux, contrainte pour la vente des produits (contrôles sanitaires), nouvelles exigences sociales et environnementales, reprise à la hausse du chômage avec un impact sur le niveau de consommation et une baisse du pouvoir d’achat ».

« Pour les investisseurs, les préoccupations financières se portent sur l’ajustement des valeurs à moyen et à long terme. Les volumes de transaction sur les centres commerciaux vont baisser, néanmoins nous constatons de forts intérêts sur les actifs « prime » et le renforcement de fonds activistes/opportunistes pour amorcer la restructuration des actifs les plus fragiles ou à reconvertir, mais aussi dans le financement d’opérations de « sales and lease-back » » conclut Jérôme Le Grelle.

Les sept pistes d’actions prioritaires pour un rebond rapide

Dans ce contexte d’urgence et pour arriver à une situation plus lisible et plus sereine, les équipes retail de CBRE ont, d’ores et déjà, identifié sept grandes actions prioritaires pour un rebond rapide de l’activité :

retrouver le client en répondant aux nouvelles exigences de consommation ;
réenchanter le magasin et le réadapter aux nouvelles organisations et aux nouveaux modes d’exploitation qu’imposent notamment le digital ;
restructurer et ajuster les formats commerciaux aux contraintes commerciales et urbaines avec plus de proximité, de circuits courts et d’économie locale ;
repenser les méthodes d’approvisionnent, réduire le flux tendus, magasins plus petits et plus nombreux, un maillage affiné ;
intégrer le digital dans toutes les chaînes de distribution ;
corréler les loyers à la nouvelle hiérarchie des implantations et aux nouveaux usages du magasin ;
redonner confiance aux investisseurs avec des équilibres et une vision pérenne des valeurs et des rendements des actifs commerciaux.

CBRE : les sept pistes d'actions prioritaires pour un rebond rapide en retail