Les agences de notation ont tiré la sonnette d’alarme : Fitch Ratings et Moody’s ont abaissé la note du promoteur immobilier Evergrande, considérant que le défaut de paiement n’était plus seulement une éventualité à surveiller, mais bel et bien une probabilité réelle et sérieuse. Du côté de la Bourse de Hong Kong, les mêmes signaux d’alerte sont observables, puisque le cours des actions et obligations d’Evergrande est en repli de 76 % depuis le début de l’année. Pour Fitch Ratings, plusieurs facteurs expliquent cette spectaculaire dégringolade : des liquidités serrées, la baisse des ventes sous contrat, des retards de paiement aux fournisseurs et aux entreprises, qui commencent à mettre la pression pour que le règlement de leurs arriérés soit effectué, ainsi que des progrès limités sur les cessions d’actifs.

Avec 3,8 millions d’emplois générés dans le pays et 200 000 personnes employées, Evergrande a un impact plus que conséquent sur l’ensemble du marché immobilier chinois. Son passif est estimé à 257 milliards d’euros, et une potentielle liquidation du groupe produirait un effet domino, avec des conséquences négatives en cascade, aussi bien pour l’économie chinoise que pour la stabilité sociale du pays. Pour contrecarrer cette éventualité, Evergrande a indiqué le mois dernier être en discussion pour céder certaines entités du groupe.

Tour de vis des autorités chinoises

Au-delà du simple cas d’Evergrande, c’est l’ensemble du marché entrepreneurial chinois qui est concerné par les défauts de paiement. Selon le média américain « Bloomberg », ils ont atteint 25 milliards de dollars (marchés intérieur et offshore confondus) au premier semestre 2021, contre moins de 30 milliards en tout pour l’année 2020. Même des entreprises partiellement nationalisées bénéficiant, a priori, d’un soutien financier de l’Etat, se sont retrouvées à cours de ressources et n’ont pu régler leurs intérêts en temps et en heure.

Il faut dire que Pékin a décidé d’envoyer un message fort aux investisseurs, les exhortant à se « normaliser » et à assainir leur situation financière. Le temps des filets de sécurité semble révolu et le gouvernement chinois semble n’avoir aucun scrupule à laisser les entreprises surendettées faire faillite, dans une volonté d’autorégulation du marché. En Chine, l’endettement global des entreprises dépasse tout de même 160 % du PIB. Les banques ont aussi été sommées, d’ici à mi-2023, de plafonner les emprunts octroyés aux principaux promoteurs immobiliers du pays, dont Evergrande fait partie, afin de ne pas voir leur dette s’envoler encore davantage.

En Chine, le marché de l’immobilier joue un rôle central dans l’économie nationale, puisqu’il contribue pour environ un quart du PIB et pour 10 % de l’emploi.

Chine : criblé de dettes, le promoteur immobilier Evergrande risque le défaut de paiement