Notre « parcours logement » est-il intiment lié à notre histoire, notre enfance, notre éducation ? Indubitablement, à en croire les résultats de l’enquête. Le déterminant social influence grandement nos choix, entre le fait d’habiter en ville ou à la campagne, dans un appartement ou une maison, d’être locataire ou de devenir propriétaire… Néanmoins, retrouver une situation comparable à celle que l’on a connu enfant met généralement du temps, l’émancipation du cocon familial induisant une plus grande précarité, surtout en études ou en début de carrière professionnelle. C’est pour cette raison que les Français occupent, en moyenne, quatre logements différents au cours de leur vie d’adulte. Ils semblent être dans une quête perpétuelle de leur situation d’origine, celle qu’ils ont connue enfants. D’ailleurs, c’est à partir du moment où ils estiment l’avoir trouvée qu’ils s’installent définitivement, bouclant la boucle de leur parcours. Si plus de 90 % des sondés ont vécu moins de 10 ans dans leur premier logement, ils sont 46 %, parmi ceux ayant répondu, vivant dans leur logement actuel depuis plus de 20 ans.

Paradoxes

Au-delà de la « reproduction sociale » en matière de logement, d’autres tendances se détachent, fort prévisibles : les Français souhaitent, ainsi, habiter une maison (79 %) et devenir propriétaires (72 %, 85 % pour les 18-34 ans). C’est, cependant, là qu’un premier paradoxe intervient : en effet, les sondés, à 75 %, considèrent qu’il n’y a pas assez d’espaces naturels préservés, actant de fait leur accord philosophique avec la loi sur la non-artificialisation des sols, votée l’été dernier. S’ils souhaitent posséder leur maison individuelle, les Français se prononcent en faveur d’une non-expansion des zones de construction, ce qui correspond davantage au modèle des villes concentrées et à la surélévation des immeubles existants (mais seuls 16 % approuvent cette mesure d’agrandissement des immeubles, 7 % dès lors qu’il s’agit de leur propre commune). Difficile de concilier sa vision globale et sociétale avec son désir particulier et individuel.

Exode citadin

Ce « désamour » pour les grandes zones urbaines, renforcé par la crise du Covid, se traduit par ce chiffre : 65 % des Français envisageant de déménager souhaitent le faire pour une commune rurale ou une petite ville. L’Ile-de-France et son mode de vie frénétique, conjugué à des loyers jugés indécents et dissuasifs concernant l’accès à la propriété, agit comme un « repoussoir » pour un résident sur deux. Ils sont, en effet, 50 % de Franciliens à vouloir quitter la région en cas de déménagement.

Parmi les principales motivations des personnes ayant déménagé, apparaissent la qualité du cadre de vie et du logement d’une part (58 %), le fait de devenir propriétaires, d’autre part (31 %). En droite ligne avec l’air du temps, la recherche d’un logement disposant d’une double-isolation, thermique et phonique, est mise en avant par 95 % des répondants. En matière législative, 59 % des Français sont favorables à la mise en place de mesures d’encadrement des loyers et 40 % pensent qu’il faut construire davantage pour trouver un équilibre entre demande et offre, et ainsi faire baisser les prix du logement.

Sept enseignements sur le rapport des Français au logement