Permettre à des personnes réfugiées et françaises de vivre ensemble en s’appuyant sur l’occupation temporaire de lieux vides : tel est l’objet de l’association Caracol fondée par Simon Guibert, il y a trois ans. Après Sciences Po Rennes, puis le programme Grande Ecole de l’Essec, Simon Guibert intègre, à Genève, une coopérative d’habitat participative à la suite à de difficultés d’accès au logement rencontrées dans cette ville. De retour en France, il souhaite y adapter ce modèle et crée Caracol. L’association s’attaque à deux problèmes pour en faire une solution. Premier problème : les difficultés d’accès au logement rencontrées par les personnes réfugiées et partagées, plus largement, par de nombreux Franciliens qui démarrent leur carrière à Paris. Deuxième problème, les bâtiments vides sont nombreux et le gardiennage de ces derniers, afin d’éviter le risque de squat, ainsi que leur entretien coûte cher aux propriétaires. L’association Caracol s’associe, alors, aux municipalités pour proposer aux propriétaires d’occuper le lieu temporairement. Le bien est géré, entretenu, éventuellement transformé et remis au propriétaire selon les conditions prévues par une convention d’occupation temporaire. « Dans ces locaux des réfugiés, mais aussi des étudiants ou des actifs s’y retrouvent et de cette mixité naît une richesse incroyable » s’enthousiasme Simon Guibert. Un groupement composé de Caracol et du Pôle Accueil des Réfugiés d’Habitat et Humanisme a, par exemple, été retenu par la Société du Grand Paris pour mettre en œuvre l’occupation temporaire d’un loft au Perreux-sur-Marne (94). Il est prévu que ces locaux seront détruits dans le cadre des chantiers du Grand-Paris mais, en attendant, ces trois prochaines années, ils seront occupés par des colocataires. Au 18, rue Jean-Jacques Rousseau, à deux pas du Louvre, une nouvelle colocation vient également d’être ouverte avec l’aide de la Ville de Paris et rassemble, pour une année, une vingtaine de réfugiés et de jeunes actifs. Les loyers payés par les occupants sont compris entre 75 et 200 euros et les futurs habitants se sont impliqués dans le chantier de remise en état du bâtiment.

Nathalie Coulaud

"De la vacance à la colocation solidaire" : le portrait de Simon Guibert, nommé dans la catégorie "Jeune Talent" aux TLT 2020