Combien de transactions de bureaux dénombrez-vous sur la célèbre avenue en 2023 ?

Nous comptabilisons une quinzaine de transactions tertiaires l’an passé, ce qui est assez limité. Et ces opérations sont souvent liées à un sujet commerce. Prenons l’exemple du jouailler Messika, installé sur 3 000 m2, au 44, avenue des Champs-Elysées. Idem pour l’entreprise de vêtements Moncler. Hormis quelques cabinets d’avocats, entre autres, les Champs-Elysées ne constituent pas une avenue qui attirent les utilisateurs tertiaires, qui sont parfois un peu freinés par la mixité existante entre le commerce et le flux de population qui y est drainé. Malgré tout, lorsque l’on a affaire à un bel immeuble indépendant qui est livré ou qui vient d’être rénové, il peut exister un intérêt d’utilisateurs tertiaires ; cependant, la clientèle reste très ciblée.

Le secteur du coworking en général est-il intéressé par l’avenue ?

Oui, car le coworking a une logique de flux passants qui correspond à la sociologie des Champs-Elysées. Le potentiel de clientèle est réel.

Qu’en est-il du luxe ?

Les acquisitions réalisées par LVMH le prouvent : le luxe est attiré par les Champs-Elysées et sa symbolique. Et, pour ce type d’acteurs, cela concerne à la fois les prises à bail, mais également les logiques d’acquisitions. En 2020, la transaction réalisée par Dior au 103 prenait la suite du siège historique de HSBC, donc du bureau. Dior a ensuite pris des extensions, notamment rue Vernet, sur 5 000 m2, et avenue Montaigne, sur environ 10 000 m2. Les entreprises de l’industrie du luxe prennent beaucoup de locaux dans les rues perpendiculaires pour y installer leurs bureaux et ce, afin de rester proches de leurs « flagships ». C’est notamment ce que nous avons fait avec UBS rue du Colisée. À noter deux opérations à venir: SFL qui va s’installer dans 6000m2 restructurés, au 90; ainsi que le travail d’Icade au 29 qui va développer 6 500 m2, tout en conservant les cellules commerciales au rez-de- chaussée. L’appétit des acteurs du luxe à l’acquisition en vue d’une occupation ultérieure est un phénomène à relever. Sur les Champs-Elysées, les ventes utilisa- teurs ont représenté 4,3 milliards d’euros en 2023, chiffre qui ne se répercute ni sur l’investissement, ni sur le locatif…

Comment ce marché va-t-il évoluer selon vous ?

Il y a, tout d’abord, deux ou trois sites en restructuration qui vont être intéressants. Ensuite, la notoriété de cette avenue, ajoutée au travail réalisé par le Comité Champs-Elysées, est exceptionnelle et va la valoriser. Enfin, l’impact des JO va être notable quant à la valorisation de l’artère, en y attirant toujours plus de monde. Nous assistons à un repositionnement important de la qualité de l’image des Champs-Elysées qui, après avoir été désertée par nombre d’enseignes, en reconquiert de nombreuses. Enfin, après une période plus « mass market », la « premiumisation » de l’avenue et de ses enseignes est de nouveau d’actualité.

« L’impact des JO va être notable quant à la valorisation de l’artère »

Ludovic Delaisse (Colliers France) : "la notoriété de cette avenue est exceptionnelle"