« La transformation de bureaux en logements serait-elle un serpent de mer? » : le ton est lancé par Emmanuelle Wargon pour cette nouvelle table ronde, centrée sur la thématique de la rénovation, de la réhabilitation et de la transformation. La question est dans tous les esprits, d’autant plus depuis l’apparition du Covid, qui a mené au télétravail et a, par conséquent, augmenté le taux de vacance de nombreux bureaux.

350 000 m2 autorisés à la transformation en logements, chaque année

Stéphanie Dupuy-Lyon, directrice générale de l’aménagement, du logement et de la nature, au ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires rapporte que, selon une étude de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT), en moyenne, entre 2013 et 2020, 350 000 m2 de bureaux ont été autorisés à la transformation en logements, chaque année.

Cependant, de fortes disparités départementales subsistent. Quinze départements ne concentrent que 0,5 % des logements autorisés, contre 12 % à Paris, pour une moyenne nationale estimée à 1 %. Pourtant, selon la directrice générale, ce qui creuse l’écart entre ces territoires n’est pas tant lié au niveau de vacance, ou à la proportion de bureaux, mais plutôt à l’action territoriale.

Convaincre les élus

Dans ce sens, Alexandre Chirier, président d’Action Logement, interpelle également la ministre, rappelant que le premier enjeu pour favoriser la transformation de ces bureaux en logements se trouve dans « l’acceptation des élus et de la population ». Tous, autour de la table, s’accordent à dire que le premier frein à cette transformation résulte de la difficulté pour les élus à favoriser le logement, à la source économique majeur que représente le bureau. Face à cet obstacle, Glenn Domingues, directeur des affaires publiques et membre du comité de direction de Gecina, émet une requête auprès d’Emmanuelle Wargon : « tout comme il faut aider les maires bâtisseurs, il faudrait imaginer une aide pour les maires « transformateurs ».

L’impact de l’accélération des modes de travail

Face cette préoccupation, la ministre affirme revoir prochainement « tout les freins fiscaux et les changements à apporter », via une analyse concrète, qui devrait lui être remise dans les mois à venir. D’après les chiffres de l’Institut de l’Epargne Immobilière et Foncière (IEIF), rien qu’en Ile-de-France, la « montée en puissance du télétravail » conduirait dans les dix prochaines années à un excès de 3,3 millions de m2 de bureaux, soit 6,5 % du parc…

Ainsi, selon un potentiel scénario émis par l’Ademe et rapporté par Stéphanie Dupuy-Lyon, d’ici à 2050, l’Ile-de-France pourrait passer de 85 000 m2 de bureaux transformés en logements par an, à 330 000 m2, ce qui ne représenterait à l’échelle nationale non pas 1 % des logements autorisés, mais bien 4 % !

Emmanuelle Wargon clôt cette table ronde en affirmant que, sur le sujet de la transformation de bureaux en logements, « nous pouvons peut-être nous donner un objectif ambitieux ». Le serpent de mer est donc potentiellement un sujet plus sérieux qu’il n’y parait.

Emmanuelle Wargon : donner un objectif ambitieux à la transformation de bureaux en logements...