Première information à retenir : si l’année 2020 a vu reculer de 10 % le nombre d’implantation tertiaires, 2021 a été synonyme de fort rebond (+26 %). 1 386 implantations ou extensions ont été recensées par EY l’année dernière. Les grands groupes dominent les classements du nombre d’emplois (40 %) et des surfaces occupées (44 %), tandis que les PME/ETI sont celles ayant connu le plus grand nombre d’implantations (73 % du total), notamment en régions.

Parmi les nouveaux critères prédominants pour les acteurs de l’immobilier tertiaire interrogés en matière d’implantation, 74 % d’entre eux estiment que le télétravail va être un facteur majeur. Dans un contexte où le « distanciel » est voué à s’installer durablement dans le fonctionnement des entreprises de services, l’étude révèle que la fonction même du bureau doit être repensée afin de devenir un véritable lieu de sociabilisation, de collaboration et de formation ; un lieu où l’esprit d’appartenance à l’entreprise est entretenu et favorisé.

Le corollaire immédiat de la pérennité du « travail flexible » est la redéfinition des besoins immobiliers des entreprises. Les baux classiques, tels 3/6/9, engageant les contractants pour de longues durées, ne semblent plus être en adéquation avec les nouveaux usages. A ce cadre rigide devraient être préférées des solutions alternatives telles que la sous-location ou le bail précaire. De plus, les dimensions des surfaces immobilières devraient se réduire, moins de salariés étant simultanément au bureau pour cause de télétravail : 51 % des dirigeants interrogés affirment que leurs surfaces pourraient diminuer jusqu’à 30 % au cours des trois prochaines années.

Les critères des ressources humaines et de la maîtrise des coûts énergétiques apparaissent également comme déterminants. De plus en plus de collaborateurs accordent une attention particulière à l’empreinte carbone de leur entreprise ; cela peut même constituer un critère discriminant de la part des candidats à un poste. La stratégie immobilière devient, dès lors, un outil pour atteindre les objectifs de réduction de l’empreinte carbone de l’entreprise : cela peut passer par la réduction des surfaces prises à bail en sacrifiant les mètres carrés inutiles (et la consommation supplémentaire en découlant) ou encore l’installation de nouveaux bureaux à proximité de transports en commun ou de voies de mobilité douce (pistes cyclables).

« Les 300 dirigeants, experts et acteurs publics interrogés identifient plusieurs pistes de travail afin de permettre aux entreprises de réussir la transformation des espaces tertiaires et des métiers de services, en particulier l’expérience immobilière des collaborateurs, la décarbonation de l’immobilier et la flexibilité des espaces et des contrats » précise Jacques Perpère, secrétaire général de l’ADI.

Marché tertiaire en France : de nouveaux critères d'implantation post-crise sanitaire