Une étude de Knight Frank sur le thème de « la mobilité des grandes entreprises en Ile-de-France : plus rien ne sera comme avant ? » va dans le même sens, la société de conseil affirmant que « 2020 représente une année charnière, puisqu’elle pourrait impulser de nouvelles dynamiques de mobilité des entreprises et peut-être faire évoluer une géographie tertiaire en place depuis des décennies »…

D’abord, les constats. Ainsi, depuis 2000, Knight Frank a observé que les grandes entreprises « sont à l’origine de plus de 1 400 mouvements supérieurs à 5 000 m², pour un volume total de 18,2 millions de mètres carrés, représentant 40 % de l’activité locative toutes surfaces confondues ». Bien entendu, « cette dynamique a été brisée par la crise sanitaire ».

Autre observation : « le déséquilibre entre l’Est et l’Ouest de la région, qui caractérise l’Ile-de-France depuis la tertiarisation de son économie et le développement de son parc de bureaux, n’a pas été corrigé. L’analyse de la répartition des mouvements des grandes entreprises depuis 20 ans confirme ainsi la polarisation de l’activité au profit de Paris et des Hauts-de-Seine qui, sur la période, concentrent 70 % du volume des surfaces de bureaux de plus de 5 000 m² prises à bail ».

Pour ce qui concerne l’après Covid, Knight Frank fait valoir que, logiquement, « l’une des priorités des grands utilisateurs sera de réduire leurs coûts immobiliers ». Dans ce cadre, « le rapport qualité-prix de l’offre immobilière constituera un critère de choix décisif, qui pourrait avantager les marchés de première couronne comme le Sud ou le Nord (offre neuve abondante, loyers compétitifs, amélioration des transports…). La Défense est également bien placée pour tirer son épingle du jeu ».

Néanmoins, « si la crise sanitaire pourrait impulser de nouvelles dynamiques de mobilité, c’est un rééquilibrage modéré du marché tertiaire qui se dessine plutôt qu’un renversement de hiérarchie aux dépens de Paris et des marchés centraux » considère le conseil, qui poursuit : « d’abord parce qu’il ne faut pas sous-estimer le poids de l’héritage dans les décisions immobilières, mais aussi parce que l’épidémie et la révolution digitale jouent, par certains aspects, en faveur des localisations centrales et des immeubles de bureaux les mieux desservis. Cet attrait de l’hyper urbanité est renforcé par le boom de la « tech », l’un des secteurs les plus résistants à la crise sanitaire et dont la croissance dépend directement de l’énergie et du vivier de talents offerts par les grandes villes ». Et de prendre l’exemple de New York où « Facebook est à l’origine du plus grand mouvement enregistré depuis le déclenchement de l’épidémie de Covid-19 (68 000 m² sur la 9ème Avenue), illustrant parfaitement l’ancrage de la « tech » au cœur des plus vastes métropoles. L’hyper urbanité sera également confortée par le rôle essentiel des bureaux. Lieu où s’exprime l’intelligence collective et qui ne peut être envisagé sous le seul prisme des coûts immobiliers, le bureau sert également l’image de l’entreprise, en particulier dans des secteurs à forte valeur ajoutée (conseil, finance, luxe, tech…) encore très dépendants d’une adresse centrale »…

Tant mieux, car il est toujours plus facile de s’adapter à un marché en évolution plutôt qu’en révolution…

Vers un « rééquilibrage modéré » du marché tertiaire francilien...