Quels sont les impacts de l’épidémie de la Covid-19 sur le secteur ?

Il a impérativement fallu assurer deux choses : la première, la sécurité des immeubles. Nous avons donc dû prendre toutes les mesures nécessaires pour y parvenir. La seconde fut la mise en œuvre de la continuité de l’activité. Nous avons, certes, été ralentis, mais il était évident que nous ne pouvions pas nous arrêter. Nous avons assuré la conduite des flux financiers, respecté l’allégement des loyers, tout en accélérant la digitalisation de certains aspects administratifs, pour nous adapter aux circonstances.

Le métier de property manager était, par le passé, négligé. Beaucoup d’acteurs du secteur étaient uniquement focalisés sur les transactions, la gestion n’était pas au coeur de leurs priorités. Aujourd’hui, ce rôle est plus que jamais central. Cette crise a permis de révéler la valeur profonde de la gestion d’immeubles, le property management reprend donc son rôle.

Le métier de property manager a-t-il évolué ?

Nous étions considérés comme « acteur B to B » ; à présent, nous nous occupons de l’utilisateur en tant qu’individu. Nous devons accompagner nos clients dans des tâches parfois redondantes, de collectes de loyers, d’indexation, de gestion des charges… A ce sujet, nous avons lancé un projet « Net Promoter Score », pour aller au-devant de nos clients et nous assurer que l’impact de notre travail est positif.

Mais nous sommes également présents lorsque le propriétaire se trouve confronté à un dilemme. Faut-il rénover, changer d’usage, miser sur l’économie d’énergie, la digitalisation ? Ces questions deviennent de plus en plus fréquentes avec l’évolution des usages et nous voulons accompagner nos clients à travers ces changements. La crise nous a permis de démontrer que nous sommes capables de grandir dans cette direction.

Comment BNP Paribas Real Estate Property Management innove-t-il pour faire face à la crise et s’adapter aux nouveaux modes de vie ?

Il faut que nous soyons capables de capitaliser sur les données qui nous remontent. Faut-il plus d’espace pour un occupant ? Ou plus de services ? Pour réagir plus vite, il faut capter les informations d’usage, les explorer et les interpréter via des capteurs et, plus largement, de la technologie. Le property manager doit donc apprivoiser la data. Il y a un énorme enjeu de digitalisation. L’immobilier est, en la matière, en retard ; c’est un sujet sur lequel nous avancerons lentement, mais sûrement.

Nous travaillons également sur l’économie d’énergie, via des collectes de données, en lien avec les règlementations environnementales qui entrent progressivement en application les unes après les autres. Une dizaine de personnes est en charge de la gestion des performances environnementales, des déchets, de l’économie circulaire…

Comment envisagez-vous le futur pour les différentes classes d’actifs ?

Il existe un parallèle entre ce qu’il s’est passé avec l’arrivée du e-commerce et le télétravail. Face au e-commerce, le commerce a du se réinventer pour continuer de séduire, et la logistique a connu une accélération. Il en va de même avec le télétravail. Si je peux travailler de la maison, pourquoi aller au bureau ? Comme le commerce s’est réinventé, il faut que le bureau se transforme avec, sans doute, plus de flexibilité, de digitalisation… Il faut apporter une expérience comme le commerce a su le faire face au e-commerce. Le bureau n’est pas mort, il se transforme. De plus, grâce au télétravail, si nous passons plus de temps à la maison, le logement pourrait vraisemblablement connaître un « boost », tout comme le e-commerce a « boosté » la logistique…

Csongor Csukas (BNP Paribas REPM) : "le property management reprend son rôle"