Pourquoi ce programme de « La Porte bleue » ?

Il y a plus de quinze ans, mon père a une «idée folle » : construire un nouveau quartier dans le prolongement de la tour CMA-CGM, à Marseille. Ce projet ambitieux s’est notamment incarné avec la tour La Marseillaise, dessinée par Jean Nouvel. Une tour d’habitation de grande hauteur devait compléter l’ensemble, mais ce projet n’a pu être mené à bien. Mon père m’a alors demandé de concevoir un édifice moins haut à vocation mixte : hôtel et habitation. Je partais donc sur les bases (et les fondations, le parking étant déjà construit) d’un immeuble beaucoup plus large. Il m’a semblé que, situé à l’entrée (et à la sortie) de la ville, cet immeuble pouvait en quelque sorte constituer une porte pour la magnifique ville de Marseille.

L’esthétique de l’immeuble est marquée par des arches en façade…

Il ne faut jamais oublier le lieu où l’on construit : nous sommes à Marseille, face à la mer. Il fallait donc impérativement respecter l’esprit méditerranéen des lieux, tout en étant cohérent avec « La Marseillaise » de Jean Nouvel, à proximité. J’ai donc choisi ce système d’arches (elles sont porteuses et ne sont donc pas des « décors ») construites en hors site. Nous avons également sélectionné, avec le concours de Vinci, du béton bas carbone… et qui est fabriqué à Aubagne, à quelques kilomètres seulement. Gain de temps, gain de transport (une économie sur le transport est ainsi estimée à près de 50 %, grâce à la fabrication hors-site) : ce dispositif est vertueux. Par ailleurs, notre immeuble reprend évidemment la climatisation par boucle de géothermie marine Thassalia garantissant une réduction de 40 % de la consommation électrique et de 70 % des gaz à effet de serre. Enfin, malgré une mode contraire, nous avons choisi d’importantes surfaces vitrées : quand on habite au bord de la Méditerranée, on a envie de la voir !

Vous assumez ce choix du béton ?

Absolument ! Rappelons, d’abord, qu’il est bas carbone (l’industrie fait un gros effort sur ce sujet et c’est tant mieux) et ensuite, qu’à Marseille, ville historique de maçons, il nous semblait difficile de faire d’autres choix. Les arches, fabriquées hors site en béton, donnent « naturellement » une épaisseur aux murs que tous les édifices méditerranéens classiques connaissent bien: se protéger du chaud (et parfois, en hiver, du froid ou du mistral !) en gardant la fraîcheur. Par ailleurs, je suis, dans tous les cas, persuadé que le bas carbone, et plus généralement le développement durable, doit être compatible avec la beauté des immeubles…

Jean-Baptiste Pietri (Constructa) : « le bas carbone doit être compatible avec la beauté des immeubles »