Comment se porte Welcome At Work, après la crise sanitaire ?

Paradoxalement, Welcome At Work se porte très bien. Avec la crise, nous avons connu une accélération, même si cette tendance était déjà à l’œuvre dans le monde du bureau. Nous avons constaté une bascule à l’été 2020 : auparavant, un immeuble doté de services lui permettait d’avoir plus de valeur que d’autres ; à présent, c’est devenu un véritable pré-requis. Un immeuble dépourvu de services et d’espaces inspirants devient dégradé et pénalisé par rapport à d’autres immeubles. Nous avons réalisé notre plus grosse activité commerciale au cours de ces trois derniers mois et nous devrions connaître en fin d’année l’équilibre au niveau du chiffre d’affaires et retrouver un rythme de croissance à deux, voire trois chiffres, dès 2021. Nous sommes présents, à l’heure actuelle, sur une trentaine d’immeubles, qui représentent environ 500 000 m2, 200 locataires et 30 000 salariés, entièrement localisés en Ile-de-France.

La crise sanitaire a vu une explosion du télétravail. Comment le monde du bureau doit-il réagir ?

Passée la sidération du premier confinement, la prise de conscience que le bureau allait totalement changer avec cette crise s’est diffusée largement. Le débat a été grandement monopolisé par l’explosion du télétravail : après l’avoir porté comme une réponse à tous les maux, on voit que le télétravail perd peu à peu de sa superbe au fur et à mesure que ses effets négatifs émergent. Notre vraie question, c’est de voir comment les bureaux seront amenés à évoluer. Il y aura une bascule, que nous pensons assez brutale, du bureau d’hier, assez simple et fonctionnel autour du trio magique chaise-table-caisson, vers un bureau avec un rôle bien plus stratégique.

Le bureau de demain va devenir un « hub » de rencontres où va vivre la communauté de l’entreprise, où se transmettra son savoir-faire ; nous évoluerons, de plus en plus, vers des immeubles de services pour les salariés avec l’idée que le travail au bureau ait une plus-value par rapport au travail à domicile, autour du bien-être, du sport, du loisir ; enfin, les immeubles deviendront la vitrine des entreprises dans laquelle les salariés se reconnaîtront. Il y aura probablement moins de bureaux, mais de meilleurs bureaux dans les mois et les années à venir.

L’offre de services au bureau, telles que vous la proposez, est donc tout à fait adaptée à la nouvelle donne sanitaire…

Le télétravail est une fausse réponse. L’exemple le plus frappant, c’est qu’à la mi-mai, Mark Zuckerberg a annoncé à ses équipes vouloir devenir d’ici cinq ans l’entreprise la plus innovante sur le télétravail et à la mi-septembre, CNN annonce que Facebook vient d’acheter 40 000 m2 de bureaux dans l’Etat de Washington. Il y a eu une véritable courbe d’apprentissage : on a vu tous les effets positifs du télétravail, à savoir la réduction de l’impact environnemental, le gain de temps par rapport aux transports, la réduction de la facture des loyers pour les entreprises… Aujourd’hui, les effets négatifs se font ressentir : pour le salarié, les risques psycho-sociaux, d’autant plus que le gouvernement a mis en place un numéro vert pour les télétravailleurs en détresse, lors du second confinement, mais aussi les problèmes pour s’intégrer dans une équipe. Côté entreprise, le risque est celui de la dislocation de l’unité, du liant social et de la raison d’être de l’entreprise. Le bureau, c’est l’incarnation physique de l’entreprise ; on n’imagine pas le PSG sans le Parc des Princes ! Demain, les entreprises pratiqueront, sans doute, un ou deux jours de télétravail par semaine, mais les autres se dérouleront au bureau et devront être beaucoup plus riches pour le salarié. C’est l’enjeu qui attend les entreprises dans les mois à venir…

Quelles sont vos perspectives ?

Nous avons pu réaliser une levée de fonds de 4 millions d’euros auprès du fonds Generis Capital Partners et le fonds Ville de Demain géré par BPI France, organisé autour de la thématique du mieux-vivre en ville. Ces fonds d’investissement ont bien saisi que Welcome At Work pouvait être une réponse au bureau de demain : c’est une véritable preuve de confiance de la part de ces investisseurs et contrairement à d’autres startups, cette levée de fonds ne fut pas motivée par des besoins de trésorerie, mais par un vrai besoin d’accélérer la révolution du bureau.

Grâce à cette levée de fonds, nous pourrons recruter et structurer une équipe de développement commercial et marketing afin de déployer Welcome at Work sur l’ensemble du territoire français, voire dans le reste de l’Europe. Nous pourrons nous équiper d’outils internes digitaux et anticiper des recrutements de fonctions support afin de garantir à nos clients la même qualité de service, quel que soit le champ de notre patrimoine, qu’il soit de 30 ou de 150 immeubles. Nous allons également développer la deuxième version de notre plate-forme digitale, permettant aux salariés, qu’ils soient au bureau ou à domicile, d’accéder à nos services. A la rentrée 2021, nous ouvrirons six nouveaux immeubles en Ile-de-France, notamment à Paris Centre. Nous avons des projets dans les grandes métropoles françaises, telles que Lyon, Marseille, Toulouse, Nantes et Lille. L’année prochaine devrait, cependant, voir l’ouverture de notre premier immeuble à l’étranger, à Bruxelles, où le marché est également très dynamique…

Nicolas Beuvaden (Welcome At Work) : "le télétravail est une fausse réponse"