Tout d’abord, pouvez-vous rappeler ce qu’est un conseil de développement ?

Les conseils de développement sont des instances de démocratie participative. Constitués de citoyens bénévoles, les conseils de développement font émerger une parole collective sur des questions d’intérêt commun et contribuent, ainsi, à enrichir la décision politique ; il s’agit d’instances obligatoires de démocratie participative définies par la loi (loi Maptam et loi NOTRe), obligatoirement mises en place dans les intercommunalités et les pôles d’équilibre territorial et rural de plus de 50 000 habitants.
Conformément à la loi, le conseil de développement peut conduire des réflexions sur toute question intéressant le territoire, préalablement à la définition et à la mise en œuvre d’une politique publique. Dans ce cadre, il contribue à l’élaboration, à la révision, au suivi et à l’évaluation du projet de territoire. Il émet également un avis sur les documents de planification stratégique (schéma de cohérence territoriale, programme local de l’habitat, schéma directeur énergétique métropolitain…).
Le conseil de développement interroge également l’avenir et éclaire les décisions des élus métropolitains. Il identifie les signaux faibles du territoire et apporte une aide à la décision sous la forme de préconisations. Enfin, le Conseil de développement est une instance consultative plurielle, apolitique et paritaire. Ses travaux sont le fruit d’une démarche d’intelligence collective qui valorise la diversité des points de vue, favorise les réflexions nouvelles et encourage le décloisonnement des approches.

Quels sont les bénéfices pour les membres du Codev de s’engager dans cette instance ?

Chaque membre s’engage en fonction de ses moyens et de son temps disponible sur une durée de trois ans. Cet engagement, bien que bénévole, est gratifiant pour ses membres : accroître son niveau de connaissances sur les enjeux d’intérêt métropolitain, comprendre l’élaboration d’une politique publique, exprimer ses idées et rencontrer des personnes de tout horizon, formaliser des avis et des contributions qui seront prises en compte par la Métropole du Grand Paris, échanger sur ses expériences et mutualiser ses connaissances, rencontrer des personnalités expertes dans leur domaine…

Vous étiez précédemment vice-président de ce Codev, vous en avez accepté la présidence : pourquoi ce nouvel engagement ?

La première mandature du Conseil de développement de la Métropole du Grand Paris (Codev), présidée par Méka Brunel – directrice générale de Gecina – s’est achevée avec l’élection du nouveau conseil communautaire le 20 juillet 2020. Durant cette première mandature, j’ai occupé la fonction de vice-président du Codev. J’ai eu l’occasion de prendre part à de nombreux travaux portant notamment sur des documents stratégiques de planification résultant du projet de territoire à l’image du Schéma de cohésion territoriale (Scot) ou encore le Plan climat air énergie métropolitain (PCAEM). Certains travaux ont également permis d’être à l’origine de certains dispositifs métropolitains à l’image de ʺCentres-villes vivantsʺ. Fort de cette expérience, j’ai souhaité poursuivre mon engagement au sein de cette instance. Je suis convaincu que la société civile, qu’elle bénéfice d’une expertise d’usage ou d’une expertise technique, peut contribuer à rendre plus efficace nos politiques publiques. Redonner toute sa place au citoyen est aujourd’hui une nécessité démocratique autant qu’un enjeu d’efficience de l’action publique. Je remercie Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris, de m’avoir accordé sa confiance dans le cadre de la nouvelle mandature pour poursuivre et développer l’activité du Codev.

Concrètement, quelles sont les actions que vous avez d’ores et déjà mis en œuvre ?

Nous venons de finaliser la constitution du nouveau Codev et avons apporté des correctifs importants à son fonctionnement. Par ailleurs, il est entièrement renouvelé et constitué de 96 membres, dont 48 habitants issus, à part égale, des douze périmètres territoriaux à raison de deux femmes et deux hommes, ainsi que de 48 personnalités qualifiées provenant des milieux économiques, sociaux et culturels du Grand Paris. Fort du retour d’expérience des trois premières années d’existence du Codev, j’ai souhaité réaffirmer l’ambition citoyenne de cette instance en augmentant le nombre de membres du collège des habitants et en veillant à une meilleure représentativité de la population métropolitaine. En effet, les habitants bénéficient d’une expertise d’usage qui est tout aussi intéressante que l’expertise technique des personnalités qualifiées. J’ai également souhaité redéfinir le positionnement du Codev pour laisser une plus grande place aux sujets prospectifs qui interrogent le devenir du territoire métropolitain. Par ailleurs, le Conseil de développement va renforcer sa communication sur ses travaux et accélérer le travail d’ouverture vers le grand public afin de susciter un intérêt croissant autour des sujets d’intérêt métropolitain. Enfin, le Conseil de développement entend se rapprocher des autres instances participatives métropolitaines en identifiant des enjeux communs ou plus spécifiques à leur territoire.

Quels sont les sujets prioritaires sur lesquels vous souhaitez engager la réflexion ?

En lien avec le président de la Métropole du Grand Paris, nous avons retenu six premiers sujets sous forme d’avis ou de contribution : le schéma directeur énergétique métropolitain ; le Plan alimentation durable ; le développement de tiers-lieux au service de la vitalité des territoires ; les Métropoles innovantes, métropoles d’avenir ; la neutralité carbone dans la métropole du Grand Paris et la ressource en eau et le réchauffement climatique .

Quelles sont les perspectives ?

Les avis ou contributions sont le fruit d’un travail itératif et co-construit qui aboutit à la formalisation d’un rapport écrit présenté devant l’ensemble des élus du conseil métropolitain. En effet, l’avis ou la contribution d’un groupe de travail, qui a été validé par le président du Codev, est transmise au président de la Métropole du Grand Paris qui en prend connaissance 40 jours avant la tenue du conseil métropolitain. L’avis ou la contribution est ensuite présenté(e) par l’élu délégué au suivi du Conseil de développement lors du conseil métropolitain. Les travaux du Codev, une fois validés, font l’objet d’une diffusion sur le site internet et ils sont partagés auprès du grand public à l’occasion de conférences ou encore de webinaires. La non prise en compte des préconisations ou solutions apportées par le Codev doit être motivée par la Métropole du Grand Paris.

Philippe Pelletier (Codev) : "je souhaite poursuivre mon engagement au sein du Codev de la Métropole du Grand Paris"