Quel regard portez-vous sur l’année 2020 ? Quels sont les faits marquants pour WeWork France ?

L’année 2020 a posé, à Wework, comme à toutes les entreprises, un nouveau challenge, mais nous avions l’avantage d’avoir réfléchi, depuis 10 ans déjà, à l’évolution des modes de travail, traduite dans le concept de « futur of work » qui fait l’ADN de WeWork. En 2020, en France, nous avons ouvert quatre nouveaux sites. En juillet 2020, nous avons ainsi inauguré, à La Défense, notre espace du « 30, Terrasse Bellini » (Puteaux) ; en novembre, c’était au tour du 7, rue de Madrid (8ème). En janvier 2021, nous avons inauguré le 106, boulevard Haussmann (8ème) et le 5, rue des Italiens (9ème). Si l’on parle de faits marquants, ce sont donc ces ouvertures, mais on peut aussi parler d’une « transition de business », avec une demande importante de grandes entreprises qui nous ont sollicités pour la location de bureaux pour plus de 50 collaborateurs. Il s’agit souvent d’entreprises qui ont résilié leur bail traditionnel pour devenir locataire chez WeWork.

Quelques exemples ?

Nous pouvons citer Groupon, qui a pris 150 bureaux à Bellini, mais, sans citer cette fois de noms, sachez que des entreprises du secteur de l’aviation et du marketing ont, elles aussi, fait le choix du coworking pour un nombre important de leurs salariés. Ce type de profil a représenté plus de la moitié de notre business l’an dernier.

Quelle était jusqu’alors la typologie des utilisateurs de WeWork en France ?

Traditionnellement, nos clients sont les petites et moyennes entreprises. En novembre 2019, les grandes entreprises représentaient 43 % de notre activité ; en novembre 2020, elles constituaient 54 % de notre clientèle…

Qu’avez-vous changé en 2020 dans vos espaces ?

L’an dernier, nous avons particulièrement travaillé sur deux points très importants que sont la santé et la sécurité au travail ; nous voulions proposer des espaces de travail dans lesquels il était possible de venir en toute tranquillité. Il a été mis en place une signalétique sur les gestes barrières, un plan sanitaire, une désinfection régulière des locaux. Des audits ont été régulièrement menés par le Bureau Véritas pour vérifier que toutes les mesures étaient respectées et que nos locaux étaient « healthy and safe ». En décembre, l’audit a montré que tous nos bâtiments étaient conformes à cette norme. Mais ce que nous avons aussi fait l’an dernier, c’est réfléchir à la manière dont nous pouvions développer encore notre offre et faire de nouvelles propositions à nos clients.

Et qu’en a-t-il résulté ?

Nous développons deux produits qui seront très bientôt en place : le premier, intitulé « all access », consiste en une adhésion mensuelle qui permet d’accéder à tous nos bâtiments, partout dans le monde, soit 859 lieux, dont 17 en France. Nous développons dans ce cadre un programme « surprise and delight », qui permettra d’offrir quelques « petits plus » à nos membres. Cela est en préparation… Le deuxième produit s’appelle « on demand », il est encore pilote aux Etats-Unis et arrivera en milieu de cette année en France. Cette offre permet une très grande flexibilité. Voici ce sur quoi nous avons travaillé l’an dernier pour préparer 2021.

Et si nous allons vers un autre confinement, qu’envisagez-vous ? Qu’en est-il des loyers ?

L’an dernier, lors du premier confinement, nous avons comme tous été pris de court, puis la donne a changé lorsque nous avons pu mettre en place toutes ces mesures de prévention sanitaire. Nous avons demandé la réalisation d’une enquête qui a montré que 90 % des personnes voulaient revenir au bureau au moins une fois par semaine et que 20 % voulaient revenir cinq jours par semaine. 54 % des interrogés considéraient que leur moral, créativité et efficience étaient meilleurs en retournant sur un lieu de travail. Quant aux loyers, en 2020 et malgré la crise, nous avons rempli la majorité de nos obligations à l’égard de nos bailleurs. Il y aura des renégociations sur certains sites, mais ce sujet n’est pas dans mon périmètre d’intervention.

La crise n’est-elle pas, au final, une opportunité pour des espaces de coworking ?

Nous le pensons vraiment. Cette crise a entraîné un changement profond du monde du travail, une « dé-densification », qui voit la fin de sièges avec d’importants effectifs salariés au profit de la multiplication des espaces de travail. Or, avec nos 17 implantations en France, il y a toujours un lieu WeWork proche du lieu de vie des salariés, susceptible de les accueillir. Ceci répond au pourquoi du lancement des programmes « on demand » ou « all access ».

Y aura-t-il de nouvelles ouvertures WeWork en France ?

Nous avons ouvert deux bâtiments début janvier 2021 et il n’y a pas, pour l’instant, de nouvelles ouvertures prévues. Mais nous ne sommes pas complètement fermés ; si un potentiel lieu, qui correspond à nos angles de développement, se présente, pourquoi pas…

Rebecca Nachanakian : avec « on demand » et « all access », Wework s'adapte à la crise sanitaire...