Racontez-vous la genèse du projet Third ? En quoi ce service consiste-t-il précisément ?

Pour la petite histoire, je suis avocate de formation et j’ai fondé un cabinet spécialisé dans la Proptech. Avant le début de la crise sanitaire, j’ai eu l’occasion de travailler pour une célèbre entreprise de coworking et de négocier pour eux des baux commerciaux. Je me suis aperçue que les périodes d’engagement étaient longues, environ une dizaine d’années. Des baux aussi étalés dans le temps ne se prêtent plus au contexte d’aujourd’hui. Prendre des espaces et les payer très cher sans avoir la certitude de parvenir à les remplir représente un risque pour les entreprises de coworking. J’en suis alors arrivée à la conclusion qu’il était préférable d’utiliser des espaces existants vacants. L’hôtellerie m’a semblé être le secteur tout indiqué pour cela, puisque ces établissements bénéficient de lieux sous-exploités et sous-occupés en journée et durant la semaine, comme les lobbys ou les salles de réunion. Avec le Covid, cette situation a empiré puisque la clientèle internationale est bien moins au rendez-vous. C’est dommage de laisser vacants des endroits aussi beaux et biens décorés, alors même que les entreprises recherchent des espaces pour se réunir sans avoir à s’engager sur de longues durées. Ce que propose Third, c’est de payer une simple prestation pour réserver un espace dédié. J’ai aussi négocié avec les hôtels une réduction du prix public des petits déjeuners, prestation que je revends aux clients, via l’application.

Quels types d’hôtels visez-vous ?

A peu près tous les hôtels non-standardisés. Les boutiques hôtels indépendants correspondent complètement à ce que nous recherchons (quatre ou cinq étoiles). Ils n’ont pas toujours la visibilité qu’ils méritent (emplacement méconnu, site internet mal référencé…). Ils n’ont pas les outils pour communiquer sur leurs salles de réunion et les atouts qu’elles présentent. Il est temps pour ces hôtels de s’adresser à une population parisienne pour combler le manque à gagner induit pas la diminution drastique du nombre de touristes ; ils doivent devenir des lieux de vie et non plus de simples zones de passage pour la clientèle internationale.

Sept hôtels sont actuellement référencés sur l’application. Quel développement visez-vous ?

A court et moyen terme, nous souhaiterions référencer un hôtel dans chaque arrondissement, puis un dans chaque quartier. Le but est aussi d’introduire le coworking dans des lieux où il n’est pas encore démocratisé, comme le 15ème arrondissement, le haut du 17èmeet le 18ème. C’est important, pour nous, d’être présents dans des quartiers résidentiels. Sur du plus long terme, nous voulons nous implanter dans d’autres villes françaises, mais aussi européennes.

Trois questions à... Laetitia Bô, co-fondatrice de Third