Quelles conséquences la crise a-t-elle eu dans votre société ?

Cette crise a, tout d’abord, permis de montrer que HumaKey pouvait assurer – dans un temps très court – une forte mobilisation de chacun de ses collaborateurs.
Dès les premières heures du confinement, les équipes ont mis en place le dispositif le plus adéquat sur chacun des sites et ce, en fonction de l’occupation.

L’information s’est trouvée centrale ; tous nos propriétaires ont été en forte demande d’indicateurs durant ces deux mois ; nous leur avons transmis des « reportings » spécifiques afin de partager l’évolution de la situation, semaine après semaine, voire jour après jour.

La notion d’équipe a pris tout son sens, car un mandat de gestion est assis sur trois pôles, le juridique, le technique et la comptabilité. Avec 100 % des effectifs en télétravail, la dynamique a bien fonctionné dans chaque domaine de compétence.

Au-delà de l’engagement, cette crise a montré l’efficacité de notre PCA (plan de continuité d’activité), aucune rupture de service, tant au niveau des systèmes d’information internes qu’externes, en lien avec les propriétaires, locataires et partenaires.

Enfin, cette crise a fait ressortir des valeurs d’entraide entre les 30 collaborateurs avec un objectif commun : rester pleinement mobilisé et mettre à profit l’expertise de chacun.

Quel impact pour votre métier à terme ?

Notre métier a continuellement évolué depuis une vingtaine d’années. Nous pouvons identifier plusieurs facteurs liés à cette évolution. L’arrivée des fonds internationaux à la fin des années 1990, avec une financiarisation de notre secteur où l’actif devient une valeur immobilière et financière, l’intégration des démarches durables dans les années 2000, la prise en considération des espaces de travail liés au bien-être en entreprise et à l’arrivée des nouvelles générations dans les années 2010 avec, en parallèle, le marqueur de la digitalisation de la profession appliquée dans les outils de gestion et de pilotage des actifs.

Le property management a muté progressivement dans une dimension servicielle, aujourd’hui renforcée par les conséquences de la crise.
Elle a fait émerger plusieurs questionnements. Les bureaux et leurs usages, leur attractivité, l’environnement propre de travail, son ergonomie et les attentes des utilisateurs en matière de santé.

Tour CBX – ©David Cousin Marsy

Autre point, la communication. Durant le confinement, même si les nombreuses plateformes ont permis de faire fonctionner nos immeubles et de pouvoir répondre à l’ensemble de nos obligations tant vis-à-vis des locataires que des propriétaires, le lien physique a été « malmené » compte-tenu des directives sanitaires. Nous avons la certitude que le lien humain sera cet élément de confiance qui permettra une gestion à forte valeur ajoutée sur le long terme.

Les enjeux futurs se porteront sur ce rapport aux occupants et à leurs attentes. L’immeuble de bureaux sera encore plus un véhicule de communication où s’affichera l’image corporate, mais pas uniquement ; il reposera, sans doute, sur un besoin identitaire auquel chaque collaborateur souscrira lorsqu’il arrivera dans son espace de travail, espace qui sera également un lieu de rencontre fort d’intelligence collective et contributive à chaque niveau de décision.

Il nous faudra répondre à cette évolution d’un pilotage modulaire de nos immeubles, où la personnalisation du service sera une des clés pour devenir un standard.

Comment le voyez-vous évoluer ? Comment voudriez-vous que cela évolue ?

Les fondamentaux techniques – qui sont souvent, paradoxalement, la partie la moins « visible » de notre métier – seront des éléments sur lesquels la traçabilité des actions menées et les indicateurs de performance auront une grande importance, centrés sur la santé (qualité de l’eau et de l’air) et la sécurité.

Au-delà de ces points, à partir du moment où vous rentrerez dans un immeuble, vous aurez non seulement cette responsabilité de la structure du bien, de ses équipements et d’un troisième axe qui sera celui d’une responsabilité des résidents et de leur bien-être.
Agir sur l’ensemble de ces paramètres, c’est faire croître notre champ de responsabilité pour aller au cœur de nos immeubles, en accordant notamment davantage de temps aux fonctions supports de nos locataires comme les ressources humaines et/ou les responsables de communication/RSE, qui sont de vrais relais en interne. Epouser la culture de nos entreprises locataires sera le défi des prochaines années.

Pour ma part, je souhaiterais que notre métier évolue dans un mouvement éco-responsable que nous porterons et autour duquel nous fédérerons.
Lorsque vous suivez un actif 365 jours par an, vous en connaissez ses forces, ses atouts. Constamment connecté à la vie du site, vous avez un lien privilégié avec chacun de ses occupants.

Les résidents de nos immeubles sont des citoyens, avant d’être des utilisateurs, qui portent comme nous une responsabilité environnementale, mais aussi sociétale. Nous pourrons ainsi travailler conjointement pour améliorer les performances individuelles, mais aussi collectives au sein même de l’actif, voire agir plus loin pour la collectivité elle-même, un rôle dans la ville sur lequel nous avons déjà donné une impulsion !

Le monde d'après vu par... Stéphane Bureau