Vous avez dit télétravail? Oui, en respectant un double choix croisé, pour répondre à beaucoup de salariés, sans excès et dans la limite légale. Mais le « Monde d’Après » aura surtout compris toute la puissance de l’intelligence collective et reconfirmera tout le bienfait des bureaux !

Le bureau est une nécessité, un besoin

Actuellement, quel est l’hebdomadaire qui ne titre pas sur «la vie et le travail à la campagne grâce au digital » ? C’est une espérance, une attente légitime et séduisante de temps gagné, de temps partagé, de verdure et de sérénité. Mais au fond, n’est-ce pas un simple fantasme, un besoin de pause passagère d’un modèle d’hyper pression et d’hyper croissance qui a besoin de se renouveler ?

Aussi, pour l’Homme en tant qu’animal social, le bureau (non virtuel) est une nécessité, un besoin. À la suite du confinement, la majorité des salariés piétinaient pour retourner dans les open spaces et recréer de la proximité physique et de la densité dans la relation. Les bureaux resteront des lieux hyper collaboratifs où, à l’inverse des visioconférences très structurées et ajustées au plus près, ils continueront aussi d’assurer la friction, l’informel, gages d’un lieu pour se nourrir et foisonner de créativité, et exploiter la dimension collective des compétences.

Des espaces flexibles, collaboratifs…

En matière d’aménagement de bureaux, le flex-office est actuellement décrié et pré-enterré. Ce n’est que ponctuel, pour répondre à la distanciation sociale et respecter les règles sanitaires et d’hygiène liées à la pandémie.

Avec du télétravail, nous aurons encore plus besoin de flexibilité des espaces de bureaux. Ceci est sans compter le monde plus volatile et plus instable qui se fait chaque jour. En concurrence avec des tiers lieux ou un domicile, les bureaux du monde d’après n’iront pas sans un confort encore amélioré, tant dans les volumes, les lumières, les senteurs, le verdissement et avec, certainement, un arrêt de la course à la densification.

Nous nous retrouverons dans un mixte de présence physique et digitale associé à des espaces flexibles, collaboratifs, sans oublier des lieux de calme et de réflexion. Les sous-jacents de cette organisation seront, par ailleurs, le reflet de l’image, la culture de l’entreprise et le sens qu’elle veut donner.

Le digital et la data, comme accélérateurs d’efficacité et de rigueur

Le digital, la data sont des accélérateurs d’efficacité et de rigueur, mais la qualité d’interaction naturelle fonctionne faiblement et attention à sa domination. A un premier stade, le digital est facilitateur et permet de gagner en autonomie et puis, à y devenir trop dépendant, il y a un effet balancier avec une perte des libertés.

Tout le monde rêve, dans nos métiers, de pouvoir déléguer au digital et à l’intelligence artificielle les tâches et les réflexions basiques, permettant alors de se concentrer sur la réelle création de valeur. C’est un support performant et incontournable pour nous aider à être plus intelligent et créer plus de richesse, mais le digital a la faiblesse de pouvoir aussi nous rendre paresseux. Par ailleurs, la prise de conscience progressive des niveaux de consommation induits par l’explosion des besoins de stockage inhérents à la dimension exponentielle du big data va progressivement émerger, pouvant conduire à un usage plus réfléchi des technologies, basé sur une réflexion en termes de bénéfices/coûts/risques induits dépassant la simple appréhension du confort ressenti.

Cela étant et de manière plus centrique aux métiers du conseil immobilier, la digitalisation des outils de commercialisation est enclenchée depuis de longues années et nous y avons trouvé une nouvelle fonctionnalité inattendue au travers de la période récente de confinement. Les utilisateurs et investisseurs sont en demande de supports digitaux pour dynamiser les stratégies de commercialisation. Mais cette digitalisation ne doit pas être interprétée comme une autre distanciation, bien au contraire, plutôt comme une optimisation de la démarche commerciale. Il devrait donc y avoir une consolidation encore à la hausse du numérique pour toute la partie logistique et support, pour plus d’efficience, mais définitivement associée à un renforcement de l’humain partout ailleurs, pour plus de valeur ajoutée.

Alors que le Covid-19 nous a tous éloigné, alors que la rapidité des trans- ports et les technologies permettent le travail à distance, le « Monde d’Après » va redimensionner la proximité et le contact humain. Ces derniers trois mois et cette phase actuelle transitoire vont simplifier et renforcer les relations entre clients et fournisseurs/partenaires, tant dans la forme que le fond. La perte de certains repères traditionnels et historiques est en passe de tourner l’ensemble des acteurs de l’immobilier vers plus d’échanges et d’accompagnement, qui devraient alors refléter plus d’empathie et d’engagement fort.

Remettons-nous au travail !

Aussi, le digital sera certainement un des outils nous permettant d’optimiser le traitement et le fonctionnement du nouvel écosystème immobilier à venir dans lequel nous serons tous de plus en plus interdépendants. Certains parlent de partenariat ; disons que les investisseurs intégreront beaucoup plus et de manière participative —sauf dans le résidentiel— l’élément de réussite et de profitabilité de l’exploitation de leurs locataires, avec une nouvelle chaîne de création et de partage de valeur, créant une convergence entre immobilier et exploitation.

Si je devais faire référence à une fiction qui traduit mon état d’esprit actuel, je me tournerais vers le film de Lelouch, Itinéraire d’un enfant gâté. Le monde pré Covid-19 a frôlé le « burn out ». Maintenant, rien n’est réglé et il ne s’agit pas de faire un tabula rasa de l’ancienne vie au bureau, mais plutôt de se rendre compte qu’on ne peut pas tout quitter. Si, pour certains, ce n’était pas déjà fait, remettons-nous au travail avec la richesse d’une nouvelle expérience partagée et à un momentum propice pour challenger nos zones de confort et adapter nos forces du passé à un « Monde d’Après » associé à un immobilier forcément encore plus responsable et inclusif de nos talents et de notre planète terre.

Nicolas Verdillon (CBRE) : "un immobilier encore plus responsable et inclusif"...