La crise sanitaire que nous vivons est une crise globale, comme l’est le défi climatique. Cette crise sonne comme un avertissement face à la crise climatique qui arrive. La transition écologique et énergétique s’impose à nous, en tant que citoyens et acteurs économiques. Il y a urgence à agir.

Les émissions de gaz à effet de serre du secteur immobilier représentent un quart de la totalité des émissions et les deux tiers des déchets en France. Notre responsabilité est grande. Il faut renouveler nos modèles de production, d’exploitation, mais aussi de consommation.

S’engager en matière de développement durable quand on est une foncière, c’est s’engager, non seulement à atténuer ses impacts en terme d’émis- sions de gaz à effet de serre, mais aussi adapter son patrimoine à la transition énergétique et au réchauffement climatique.

Le bas carbone, un enjeu collectif

Tout d’abord, plus que souhaitable, l’objectif de la neutralité carbone est possible. Chez Gecina, les émissions de gaz à effet de serre de notre patrimoine ont déjà baissé de 35,7 % depuis 2008 et notre ambition est d’atteindre -60 % d’ici 2030 et d’être carbone neutre avant 2050. Nous y arriverons, parce que cet objectif est cohérent avec la vision de l’entreprise, sa raison d’être : « faire partager des expériences humaines au cœur de nos lieux de vie durables ». Mais, surtout, nous y arriverons parce que c’est l’ensemble de l’entreprise qui est engagée, mobilisée dans ce mouvement. Pour relever ces défis, nous sommes convaincus qu’il faut mobiliser les collaborateurs et l’ensemble des parties prenantes par de la pédagogie et une palette importante d’outils et de solutions nouvelles.

C’est dans cet esprit que nous avons mis en place en interne le fonds CARE (CArbone REsponsable). Les émissions de gaz à effet de serre de nos immeubles en exploitation et de nos chantiers sont évaluées et taxées. L’argent recueilli par le fonds vient financer des solutions proposées par les collaborateurs qui viennent accélérer la décarbonation du parc et, plus largement, favorise les solutions à impact positif, concourant notamment à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’économie circulaire, le réemploi et le recyclage performant permettent d’éviter les émissions de CO2, la biodiversité et la végétalisation de nos immeubles améliorent leur efficacité énergétique et limitent l’inconfort lié aux vagues de chaleur ou le recours à la climatisation. Ainsi, en 2019, sur les neufs projets soutenus dans le cadre du fonds CARE, 47 % des projets concernent les énergies renouvelables, 21 % des projets concernent le pilotage énergétique, 18 % des projets concernent la mobilité durable et 14 % des projets concernent le réemploi de matériaux.

La ville-nature plutôt que l’étalement urbain

Chaque Français occupe 445 m2 au sol. C’est 1,9 fois plus que nos amis d’outre- Manche ou encore 1,4 fois plus que nos voisins allemands. Nous nous étalons. Nous étalons beaucoup. Et nous augmentons les distances entre nos lieux de vie, de travail, de loisirs… Mécaniquement, nombreux sont nos compatriotes contraints d’utiliser leur voiture beaucoup plus qu’ailleurs. Ce qui a des conséquences sur leur niveau de vie et sur notre impact carbone.

La crise sanitaire a révélé un besoin de renouer avec la nature, la faune et la flore. L’étalement urbain et l’artificialisation qui l’accompagne n’est pas la solution. En effet, c’est avec la ville dense que l’on va pouvoir agir sur l’empreinte carbone de la mobilité et lutter contre le changement climatique. C’est donc bien la nature qu’il faut remettre au cœur de nos villes. Parce que nos immeubles sont des lieux de vie, soyons cohérents : respectons celle des espèces animales et végétales qui les entourent.

Chez Gecina, nous sensibilisons nos locataires à ces sujets et nous avons engagé une politique ambitieuse et volontariste de labellisation, notamment BiodiverCity. A titre d’exemple, dans le cadre d’une opération emblématique livrée il y a quelques semaines, le « 7 Madrid », nous avons créé 450 m2 d’espaces végétalisés pleine terre. Biodiversité et stratégie bas carbone sont intimement liées. En effet, les liens climat et biodiversité sont une évidence et la préservation de la biodiversité ne peut que contribuer à l’atteinte de l’objectif de la neutralité carbone.

Mixité, Mutualisation, Mutabilité

Il faut repenser la vie de nos immeubles dans la durée : à l’échelle d’une journée, à l’échelle de décennies. Plutôt que refaire, reconstruire et mécaniquement polluer, consommer de nouvelle ressources, il est nécessaire d’agir à trois niveaux. Tout d’abord, des espaces pourraient avoir plusieurs usages, restaurant d’entreprise à la mi-journée, un espace de réunion le reste de la journée ; un café d’entreprise le jour, un café de quartier en soirée ; un parking professionnel le jour, un parking privé la nuit… C’est la mixité des usages à l’échelle d’un espace.

Ensuite, la mutualisation des espaces doit devenir la règle au bureau comme en résidentiel. Salle de réception ou de réunion, chambre d’ami, buanderie, atelier bricolage dans le résidentiel ; auditorium et restaurants d’entreprise pour le bureau pourraient être partagés pour une occupation optimisée.

Enfin, la mutabilité et la réversibilité dans le temps long. Un immeuble doit pouvoir changer d’usage et transformer devient un enjeu majeur face au coût environnemental d’une démolition. Nous pensons notamment à la trans- formation de bureaux en logements. C’est un territoire que nous explorons systématiquement dans nos projets de restructuration. Nous travaillons en ce moment sur la transformation d’un ancien immeuble de bureau dans le 14ème arrondissement…

La maîtrise des environnements tertiaires et résidentiels permet, d’ail- leurs, à Gecina de travailler à la réversibilité des espaces et de proposer de nouvelles destinations d’usages. Nous continuerons.

Le défi de la transition énergétique nous conduit, finalement, à repenser complètement la fabrique de la ville. En tant qu’acteur au cœur de la vie urbaine, notre engagement est total pour concevoir et gérer des lieux de vie durables et respectueux de notre environnement et nous ne sommes pas seuls. Nous y arriverons ensemble.

Sabine Desnault (Gecina) : "repenser complètement la fabrique de la ville"