Pour Knight Frank, le fait est irréfutable : en 2022, le sport occupe une place prépondérante dans notre société. Bien-être, attention portée au corps, explosion de disciplines comme le « running »… Entre la crise sanitaire et l’explosion du télétravail, les modes de vie urbains ont muté et le sport s’est indiscutablement fait une place à part dans le quotidien des Français. Les enseignes spécialisées l’ont bien compris : elles rivalisent de concepts et d’idées novatrices pour attirer et fidéliser toujours plus de nouveaux clients. Entre 2019 et 2021, le géant Nike a, par exemple, vu son chiffre d’affaires progresser de près de 20 %, tandis que la société canadienne spécialisée dans les équipements de sport Lululemon ambitionne de doubler le sien d’ici 2025.

Une boutique NBA à Paris

Malgré leur présence croissante sur le web, ces enseignes ne délaissent pas leurs points de vente physiques, loin s’en faut. « Par sa vigueur et l’importance des surfaces prises à bail sur les grands axes parisiens, le sport rappelle la fast-fashion des années 1990 et 2000 » analyse Antoine Salmon, directeur du département commerces locatifs chez Knight Frank France. L’on peu citer quelques adresses iconiques des Champs-Elysées, telles que la boutique PSG au n°92, le magasin Foot Locker au n°36 ou encore Lululemon au n°38. Ailleurs dans la Capitale, le même phénomène est observable : JD Sports au 118, rue de Rivoli (1er), Adidas au 39-41, boulevard Haussmann (9ème) ou Foot Locker au 133, rue de Rennes (6ème).

En plus de ces acteurs, de nouveaux entrants se sont fait remarquer, à l’instar de la première boutique NBA ouverte à Paris, au 20, boulevard Saint-Michel (5ème). « Ces ouvertures témoignent des ambitions et de l’influence grandissante des sports US en Europe » confie Antoine Salmon. « Elle sont une nouvelle preuve des opportunités liées à la mondialisation du sport ».

La mode des flagships

Pour les grandes marques, l’ouverture de boutiques en propre leur permet de resserrer les liens avec leurs clients, tout en maîtrisant leur image. Alors que sa distribution en propre représentait 15 % de ses revenus en 2010 et 39 % en 2021, Nike compte, par exemple, porter cette part à 60 % d’ici 2025. Cette stratégie, également partagée par d’autres grandes marques comme Adidas et Puma, passe par un resserrement des partenariats avec les grands distributeurs que sont Foot Locker ou JD Sports et un soin particulier apporté aux boutiques en propre. « L’objectif n’est pas nécessairement d’accroître le nombre de magasins, mais plutôt d’optimiser les réseaux de points de vente au profit des locaux les mieux placés, les plus grands et les plus spectaculaires » décrypte Vianney d’Ersu, directeur adjoint du département commerces locatifs chez Knight Frank France. Adidas a, par exemple, diminué son nombre total de magasins de plus de 20 % en cinq ans et compte encore réduire son nombre de points de vente au profit de grands mégastores.

En effet, « les nouveaux flagships sont devenus des destinations à part entière » selon Antoine Salmon. « Le client n’y vient plus uniquement pour acheter des équipements de sport ou des vêtements, mais aussi pour s’y restaurer, louer du matériel avant achat, participer à des animations, contempler des œuvres d’art contemporaines, profiter de collections exclusives issues de collaborations… ». Sans oublier le recours aux réseaux sociaux, élément incontournable en 2022. Le sport a, plus que jamais, le vent en poupe…

Le sport, un phénomène immobilier à part entière