Prédire l’avenir est toujours un art compliqué et comme le disait avec humour Pierre Dac : « les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ! ».

La pandémie liée à la Covid-19 a eu et continuera d’avoir un impact important sur les équipements commerciaux. Elle a surtout été un révélateur et un accélérateur de tendances qui lui préexistaient.

Les changements structurels que cette crise va immanquablement provoquer ne pourront se mesurer qu’à l’aune de plusieurs années. On peut néanmoins en supposer un certain nombre.

Devenir des « lieux d’expériences et de passions partagées »

Le confinement a fait ressortir le rôle économique du commerce de détail lié à sa fonction d’approvisionnement en biens de consommation. Il a également mis en exergue son utilité sociale par la carence de contacts humains qu’il a provoquée. Lieux de distribution, les centres commerciaux et leurs magasins devront encore plus et mieux demain devenir des lieux d’expériences et de passions partagées.

Le confinement a également contribué à un essor inédit du commerce en ligne. Selon la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance, ndlr), sa part dans le commerce de détail serait passée en un an de 9,8 à 13,4 %. Pour autant, il convient de souligner que ce sont les chiffres d’affaires des sites des enseignes physiques qui ont le plus profité de cette tendance avec une hausse de 53 %. Lieux de vente mono-canal, les centres commerciaux et leurs magasins devront devenir des lieux de l’omnicanalité en développant leur fonction logistique (« click&collect » et « ship from store »).

Le confinement a, par ailleurs, prouvé la capacité d’adaptation rapide du consommateur et du commerce à une situation nouvelle qu’ils se sont vu imposer. Lieux rigides, les centres commerciaux et leurs magasins devront faire preuve de flexibilité pour moduler physiquement leurs espaces et commercialement leurs offres à une demande de plus en plus ciblée et évolutive.

Donner des gages de citoyenneté et se rénover

Le confinement a, en outre, amplifié la prise de conscience écologique et un besoin de plus grande solidarité. Lieux perçus comme artificialisateurs et pollueurs, les centres commerciaux et leurs magasins devront donner à l’avenir des gages de citoyenneté dans leur conception et leur exploitation durable au quotidien, ainsi que dans leurs actions au bénéfice de leur communauté d’implantation.

Le confinement a, de plus, démontré la fragilité d’un certain nombre d’enseignes qui n’ont pas su ou pas pu s’adapter et dont quelques-unes vont immanquablement disparaître. Lieux laboratoires ayant accueilli à l’origine de nouveaux concepts, les centres commerciaux et leurs magasins devront retrouver cet esprit startup en intégrant de nouvelles marques, telles ces DNVB (« digital native vertical brands ») nées sur la toile, mais qui ressentent rapidement la nécessité d’une présence physique ou encore ces acteurs issus de l’économie collaborative, du circuit court ou de seconde main. Le confinement a, enfin, fait apparaître la vétusté d’un outil mono-fonctionnel à l’heure où le modèle de la « ville du quart d’heure » s’impose. Monolithiques et souvent isolés, âgés en moyenne de trente ans, les centres commerciaux et leurs magasins devront se rénover et s’étendre en intégrant d’autres fonctions pour mieux s’intégrer, aux sens physique et sociétal, dans la cité et contribuer, ainsi, à son animation.

Gontran Thüring (CNCC) : « les centres commerciaux et leurs magasins devront faire preuve de flexibilité »