Commençons par le lieu qui accueille l’opération « Sylva » ; la singularité de son histoire commande beaucoup la suite. Nous sommes dans l’écoquartier de la Pointe de Triveaux, à Meudon-la-Forêt, à l’entrée de ville en venant de Paris en voiture par la voie rapide ou avec le tramway qui passe devant, à la lisière de Vélizy-Villacoublay et de Clamart, un quartier de 11 hectares, organisé autour d’un mail piéton de 8 000 m2, parsemé de jardins, plans d’eau et autres aires de jeux… en bois, de logements et de commerces, et même d’une école. Le mail réservé aux piétons et aux cyclistes traverse le quartier du nord au sud et porte un nom encombrant : celui de Fernand Pouillon. Le célèbre architecte urbaniste qui fut l’un des grands bâtisseurs des années de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale a laissé à Meudon une empreinte forte. Il y a réalisé, à la charnière des années 1950 et 1960, l’un des premiers grands ensembles au sens moderne où on l’entend encore aujourd’hui. Lui qui déclarait alors qu’un même esprit devait commander le plan, les volumes, les matériaux et les formes.

Et qui affirmait également vouloir la beauté pour tous. Ce qui se traduisait à l’époque par l’emploi très politique de la pierre de taille. Début juillet, Denis Larghero, le maire UDI de Meudon, inaugurait la livraison après quatre années de travaux d’un peu plus de 1 160 appartements « première tranche d’une opération emblématique de la revitalisation du quartier Pouillon, symbole de la politique menée par la Ville pour répondre aux enjeux actuels : des logements pour tous les âges de la vie, une offre commerciale diversifiée, des équipements de service et la mise en avant des mobilités douces ». La seconde phase comptera 460 logements, dont 280 pour l’opération « Sylva » bois massif répartie en quatre immeubles, le solde des logements attribué à Icade, en six immeubles de matériaux plus traditionnels.

« Nous partageons avec Icade le même bureau de vente sur site. Les uns à côté des autres, dans la même pièce. C’est pour les commerciaux de Woodeum une occasion exceptionnelle, que nous n’avons encore jamais rencontrée, de pouvoir comparer les prix et les équipements devant nos collègues de chez Icade ». Julien Pemezec affirme être arrivé désormais à pouvoir aligner les prix du bois sur ceux du béton, à surface égale : « l’accédant achète au prix qu’il peut payer, au maximum de l’endettement autorisé, il ne nous est plus possible de vendre 10 % plus cher parce que c’est du bois ». Notre visite se passe à ce moment du chantier très démonstratif du mode constructif, où l’on peut voir d’un seul regard l’ensemble de la structure, le moment qui précède de quelques jours la pose des derniers voiles. « Nous avons encore beaucoup innové pour notre opération « Sylva », et obtenus deux Atex, l’un pour un enduit spécialement adapté au CLT*, l’autre pour y agrafer la pierre ». Woodeum peut être légitimement fier de consacrer depuis sa création un quart de ses effectifs à la R&D. Etre pionnier dans son domaine, oblige à combler les vides technologiques. Et même s’il ne le dit pas aussi franchement, Julien Pemezec sait qu’il y a encore beaucoup de travail, lui qui obtient deux à trois Atex nouveaux par an. « On cultive notre avance, on montre notre capacité à aller de l’avant. Qui d’autre que nous peut afficher les 16 étages d’Hypérion à Bordeaux, les 15 000 m2 du premier îlot mixte bas carbone à Lyon, ou bientôt le résidentiel d’une échelle inédite comme « Sylva » à Meudon ». Comme si le destin de Woodeum était à chaque étape de construire un objet démonstrateur des performances de la construction bas carbone. « Quelle que soient les composantes de l’innovation, c’est bien toujours la réduction de l’empreinte carbone qui nous guide. Avec WO2**. C’est bien la feuille de route qui m’a été fixée par Guillaume Poitrinal lorsqu’il m’a embauché ! ».

A Meudon, deux des quatre immeubles ont été conçus par Jean-Michel Wilmotte, les deux autres concurremment par Jean-Marie Duthilleul. Concurrence ou dialogue entre deux styles, il fallait bien le renom de ces deux architectes pour répondre à l’ambition et l’exigence d’une municipalité hantée par l’esprit des lieux. Pouillon es-tu là ?

Rappelons au passage que Wilmotte a réalisé en CLT le Palais Ephémère du Champs-de-Mars (propriété de la Ville de Paris, son succès et sa programmation risque de durer).

A Meudon, le « Sylva » de Wilmotte reprend l’utilisation de la pierre, matériau de son illustre prédecesseur ; on la retrouve dans les pilastres qui trament et structurent les deux façades des immeubles qui lui ont été confiées : « le bois CLT, matériau naturel, structurel, écologique et pérenne, à l’image de la pierre porteuse de Fernand Pouillon ». Si c’est le maître qui le dit…

La part de « Sylva » signée Duthilleul est équipée de balcons filants et de terrasses en attique qui les font tout de suite se distinguer. Une distinction que renforce la généreuse végétalisation des toitures : « içi, on habitera dans des jardins, sur les- quels donnent directement tous les halls. Des jardins, il y en aura aussi sur les terrasses et sur les toits, et parfois sur les larges balcons entre les grandes voiles de pierre », ou quand Duthilleul se prend pour un architecte… paysager.

Les quatre immeubles ont été labellisés bas carbone, au plus haut niveau d’excellence, « dès l’obtention du terriblement exigeant permis de construire, et six ans avant que ne commence à l’appliquer la RE 2020 », ne peut s’empêcher de s’étonner Julien Pemezec. Et d’ajouter que le dit PC prévoyait le branchement au réseau de chaleur de la ville, alimenté au gaz et prochainement par géothermie. « La performance énergétique prouvée par nos réalisations et notre raccordement contraint au réseau de la ville nous font raisonnablement prédire une facture de chauffage divisée par cinq… et je ne vous parle pas (ce qu’il ne peut s’empêcher de faire) des effets bénéfiques sur la santé d’un intérieur tout bois, gardé apparent, qui assure moins de stress, garantit une qualité retrouvée du sommeil, régule la fréquence cardiaque … ».

Avec 4 500 unités livrées ou engagées depuis sa création (700 unités en 2018, 1 000 en 2019, entre 2 500 et 3 000 escomptés en 2023), et près de 3 000 en développement fin 2022, un « track record » qui place Woodeum en tête des promoteurs bas carbone, et en fera sans aucun doute une des vedettes de ce premier Sibca. Les 50 % de son capital acquis en juillet 2019 pour 50 millions d’euros par Altarea Cogedim lui donneront les moyens de garder sa pole position.

« Sylva » Giga résidentiel bas carbone

*CLT ou Cross Laminated Timber, ce procédé de panneaux de bois massifs faits de lames de bois croisées collées, qui a rendu possible la construction d’immeuble en bois, de « belle hauteur » comme on dit chez Woodeum en parlant de la réalisation des 16 étages d’Hyperion à Bordeaux, et dans un futur proche d’IGH.

**WO2, l’autre filiale du groupe Woodeum consacrée à la promotion du tertiaire et qui compte déjà 350 000 m2 de bureaux livrés ou engagés.

Rencontre avec Julien Pemezec (Woodeum)