
Un voyage à 7 000 kilomètres de Paris ? Cela vous tente ? Et bien dans ce cas, nous vous y emmenons grâce à Denis Girou, directeur général de l’EPFA Guyane où, de sa terrasse amazonienne, à Cayenne, il passe le plus clair de ses journées de confiné !
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Comment se déroule votre journée ?
La journée se déroule, en général, sur une partie de la terrasse de ma maison, aménagée pour le télétravail. Elle commence tôt, il fait plus frais. La matinée est dédiée aux visio-conférences avec la France métropolitaine, en raison du décalage horaire, moins 5 heures entre la Guyane et l’Hexagone, avec les ministères, les EPA et EPF métropolitains et l’après-midi, aux réunions locales avec les collaborateurs de l’EPFA Guyane qui sont aussi en télétravail, les services de l’Etat en Guyane ou les collectivités locales. Le soir autant que possible, je suis avec ma famille… toujours à la maison !
Où êtes-vous ?
Je suis chez moi la majorité du temps, à Cayenne. Je vais au bureau à Matoury deux jours par semaine, pour les tâches non dématérialisées comme les dossiers fonciers ou certaines réunions à mener dans de meilleures conditions qu’à la maison.
Quelle est la pièce préférée de votre logement ?
Tout dépend du temps ! Nous sommes en saison des pluies ici et jusqu’à fin juillet. S’ il fait beau, c’est évidemment la terrasse, voir passer des oiseaux ou des iguanes en travaillant, c’est quand même plus sympa. En revanche, lorsqu’il pleut beaucoup il est difficile d’y travailler et les moustiques peuvent être « pressants » : c’est alors un repli stratégique dans un bureau à l’intérieur… un confinement beaucoup plus classique !
Que lisez-vous ? Avez-vous un livre à nous recommander ?
Je relis périodiquement « La grande encyclopédie du dérisoire », qui allie connaissances et un ton permettant de pas trop se prendre au sérieux, en alternant avec des romans ou nouvelles, comme en ce moment « Il est avantageux d’avoir ou aller » d’Emmanuel Carrère.
Un film ou une série télé que vous allez revoir ? Que vous nous recommandez ?
Etant amateur de cinéma, les soirées permettent autant que possible de voir ou revoir des classiques, et avec un projecteur on est presque au cinéma. Je regarde plutôt, en ce moment, des films comiques français ou alors des films inspirés de l’histoire. Hier soir, « Argo » ; avant-hier, « Wasabi »… Comme beaucoup, j’ai revu « Contagion » qui laisse une impression étrange en ce moment. Il est sympa de voir des films variés, et comme il en sort très peu, c’est aussi une occasion de rattraper des sorties qu’on a raté ces dernières années.
Un album de musique à nous conseiller ?
Difficile de conseiller la musique, cela dépend tellement des goûts et des âges. J’écoute de la musique Guyanaise, de la musique classique (opéras, piano…), du rock et du jazz. A chaque moment… son humeur… sa musique.
Comment faites-vous pour garder la forme ?
Ma fille, qui est en terminale, a un programme quotidien ou biquotidien très élaboré, je m’y rattache… mais en plus court et en moins physique ! Assouplissements, squats, pompes, vélo fixe… classique en somme.
Avez-vous un message à faire passer à nos lecteurs et aux autres confinés ?
La vie continue ! Nous sommes presque habitués à vivre confinés depuis plus de 6 semaines ; il va falloir rapidement apprendre à vivre certes déconfinés, mais différemment d’avant. Cela ne va pas être simple, l’humanité va certainement naviguer à vue à l’échelle planétaire. Nos métiers de l’aménagement, du logement, de l’environnement, des transports, de l’énergie… auront un rôle important à jouer : notre imagination collective est challengée… A ce moment, on va davantage avoir besoin de savoir de quoi on parle, et moins comment on reformule des éléments de langage. Les enjeux en matière de préservation de l’environnement, de transition énergétique, déploiement du numérique, bouleversement de la démocratie, changement de mode de vie et de travail nous poussent à une approche urbaine plus que jamais transversale. Il s’agit d’imbriquer les échelles, le temps et les synergies. En Guyane, la nature, la préservation de la biodiversité sont un impératif. Nous devons poursuivre notre travail dans le sens d’un aménagement urbain et rural qui installe un cadre de vie serein, résilient, une qualité de vie qui lutte contre l’habitat informel, la pollution, le communautarisme, qui respecte les cadres de vie ancestraux, un cadre de vie qui favorise l’optimisme général ! Il y a des enjeux mondiaux et des spécificités locales à intégrer pour garder l’équilibre, retrouver du bon sens.
Une photo qui symbolise ou illustre, pour vous, le confinement ?
Le fleuve Oyack et la forêt guyanaise. Crédit : DR

Valérie Garnier
Directrice de la rédaction