Quel est le fonctionnement du Philantro-Lab ?

Ce projet vient d’une histoire personnelle, de très loin. Ma sœur est non-voyante ; j’ai donc toujours été formé pour aider les gens qui font le bien. C’est dans mon ADN. Le concours Réinventer Paris nous a donné l’idée d’habiter le lieu de cette façon. Le Philanthro-Lab est le premier lieu au monde destiné à l’essor de la philanthropie, à la fois un lieu de rencontre, de coworking, un incubateur, un lieu de réception et de réflexion autour de la philanthropie, qui est de donner sans rien attendre en retour.

Il s’agit d’aider ceux qui font du bien à notre société pour qu’ils puissent se développer concrètement. « Donner rend meilleur », c’est notre mantra. Toutes les causes sont bonnes, donc on accepte tout le monde de manière générale, sauf les associations orientées autour de la politique et de la religion, pour éviter les conflits. Pour les incuber, on leur demande de passer un oral et on les choisit comme dans un concours. Cette année, un jury s’est réuni pour cette première rentrée et dix associations ont été retenues pour faire partie de l’aventure de l’incubateur 2021-2022.

Cet accompagnement a-t-il un coût ?

Nous proposons plusieurs tarifs, soit 149 euros pour dix jours de présence sur site ou 249 euros pour un mois complet. Nous leur proposons des formations, des échanges, un accompagnement en fonction de leur besoin, soit de croissance, soit de structuration.

« Le Philanthro-Lab » propose 2 500 m2, un sous-sol et quatre étages intégralement rénovés… et accueille des « stars » (ici Teddy Riner avec Philippe Journo)

Pourquoi le choix de cet ancien hôtel particulier ?

Ce lieu a une longue histoire philanthropique, qui remonte au Moyen-Age. A cette époque, rue de la Bûcherie, de nombreux Parisiens amenaient leur viande avariée, qui était bouillie et salée pour être redistribuée aux mendiants. C’était la philanthropie d’alors, nous nous sommes donc dit : « et si on accompagnait celle du 21ème siècle, dans ce lieu chargé d’histoire ? ». Le Philanthro-Lab propose 2 500 m2, un sous-sol et quatre étages intégralement rénovés.

C’est un monument historique et c’est le premier à Paris à être chauffé par la géothermie, car nous avons fait creuser un puits en son centre. La partie sous-sol est destinée aux réceptions, à de la restau- ration, à des expositions. Les différents étages proposent 200 postes, des salles de réunions, des salles de coworking… Enfin, le dernier étage accueille la Suite Mécénale, une salle de réunion, privatisable, est réservé aux membres du Philanthro-Lab avec une terrasse et une vue à cou- per le souffle sur Notre-Dame. Il s’agit d’une lourde réhabilitation, car ce bâtiment avait tout connu. Il a hébergé la faculté de chirurgie de Paris (d’ailleurs, nous avons créé un jardin de plantes médicinales au sous-sol, comme clin d’oeil), un lavoir, une maison close, un cabaret, des logements et même l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, avant l’Agospap, le comité d’entreprise de l’AP-HP et de la Mairie de Paris. Au total, pour transformer et sublimer ce lieu, en comptant l’achat et la restructuration, nous avons déboursé 40 millions d’euros.

Quels ont été les défis rencontrés ?

Nous avons été confrontés à plusieurs défis : d’une part, le fait de devoir respecter cet édifice. Car respecter un immeuble très ancien en en faisant du neuf, en terme d’énergie, en termes d’isolation, de connectivité, de sécurité, c’est un véritable casse- tête. On voulait ré-enchanter le lieu, qui manquait un peu de vie sous l’Agospap, mais dans le respect de son histoire. De plus, la construction du rooftop a été un sujet très « touchy ». Il n’existait pas au préalable, mais nous voulions absolument faire dé- couvrir à nos locataires les toits de Paris. Nous avons donc lutté pour obtenir une autorisation, qui n’était pas là en achetant l’immeuble. Aussi, autre défi, nous nous sommes engagés, à travers le concours de Réinventer Paris, à exercer une activité philanthropique en ces murs pendant au moins quinze ans.

Philippe Journo (Compagnie de Phalsbourg) : "donner rend meilleur"