Il y a les villes qui sont pénalisées en raison de leur parc locatif social insuffisant. Et puis il y a celles qui se font rappeler à l’ordre à cause de leur excès de zèle en la matière. L’Ile-de-France, premier bassin de population national, concentre à elle seule plus d’un quart du parc social à l’échelle du pays, avec 4,7 millions de HLM. Certaines communes de la région sont devenues, au fil des ans, de véritables cas d’école en matière de construction de logements sociaux, notamment dans les départements les plus défavorisés, à l’image de la Seine-Saint-Denis (département le plus pauvre de France métropolitaine). La loi fixe pourtant à 40 % la part de HLM dans les villes. Autant dire que le plafond est allègrement brisé par des communes telles que Dugny (69,2 %) et L’Ile-Saint-Denis (61 %), toutes deux situées dans le 93, ou encore Bagneux (60,4 %), dans le 92.

Désenclaver les zones les plus pauvres

Face à cette situation qui dure, voire empire, l’exécutif a décidé de réagir. Comme l’a rapporté « Le Parisien-Aujourd’hui en France », une circulaire a été transmise aux préfets dans le courant de l’été, afin de les sensibiliser à cette problématique. Il faut dire que la préoccupation soudaine de l’Etat, et alors même que la concentration de logements HLM dans les mêmes zones ne date pas d’hier, fait écho à la loi, votée cet été, relative au respect des principes de la République, aussi appelée « loi contre le séparatisme ». Au-delà d’une stricte répartition du parc social entre les villes pour des raisons d’équité et de justice entre elles, l’Etat a surtout à cœur, sous l’impulsion du ministère de l’Intérieur piloté par Gerald Darmanin, de « désenclaver » les zones où la misère imprègne la quasi-totalité du tissu social. Dans un contexte de supposé communautarisme croissant, dénoncé aussi bien par la majorité que par des groupes de l’opposition, une meilleure répartition du parc social semble être l’une des priorités gouvernementales pour enrayer le déséquilibre entre zones riches et zones pauvres. Et ce, avant que la fameuse fracture sociale, dénoncée en son temps par un certain Jacques Chirac, ne soit définitivement incurable…

Meilleure répartition de la population

Emmanuelle Wargon souhaitait introduire deux articles promouvant la mixité dans le logement social au sein de la « loi contre le séparatisme ». Le Premier ministre Jean Castex n’avait pas accédé à sa demande, mais, qu’à cela ne tienne, la ministre a réitéré son intention de poursuivre son combat. Son attention se porte notamment sur la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain), votée en 2000 et qui devait initialement s’arrêter en 2025. Or, Emmanuelle Wargon a été claire : elle souhaite pérenniser l’application de cette loi, voire la renforcer et ce, bien au-delà de cette date butoir. Pour aller encore plus loin, elle a pour but de favoriser une « meilleure répartition » de la population pouvant prétendre au parc social, en ne concentrant pas les plus précaires au même endroit, mais, au contraire, en les « mélangeant » à des familles plus aisées, l’objectif étant de casser la « ghéttoïsation » en vigueur dans certains quartiers, qualifiés de « zones de non-droit » où les lois de la République ne s’appliquent plus. « Je suis convaincue que le logement est un vecteur très important pour les principes républicains, pour le vivre-ensemble » a synthétisé la ministre.

Emmanuelle Wargon veut limiter la construction de HLM dans certaines communes