Coup de barre à gauche pour le nouveau gouvernement ? Alors que la composition de la future équipe pilotée par Elisabeth Borne se fait attendre, les couloirs du pouvoir bruissent déjà de certaines rumeurs quant aux mesures-phares qui pourraient être annoncées rapidement. Et, alors même que la Nupes (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) clame haut et fort son intention d’arriver en tête à l’issue du scrutin législatif (12-19 juin) pour former un futur gouvernement, la majorité actuelle chercherait-elle à la doubler sur sa gauche ?

Quoi qu’il en soit, l’urgence sociale, avec une hausse exponentielle des prix, contraint presque le gouvernement à agir. Ou tout du moins à faire des promesses en cas de reconduction de la majorité au mois de juin. Une idée a semble-t-il particulièrement retenu l’attention du locataire de Bercy, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, à en croire nos confrères des « Echos » : celle d’un blocage des loyers, non-indexés sur l’inflation. C’est Eddie Jacquemart, le président de la Confédération Nationale du Logement (CNL) qui aurait vendu la mèche à l’issue d’une réunion à Bercy ayant réuni plusieurs associations de défense des droits des locataires. Si une telle mesure bénéficiait de l’aval définitif de l’exécutif, elle serait intégrée à la loi de finances rectificative sur le pouvoir d’achat, qui doit être transmise au Parlement pour examen et vote après les élections législatives.

C’est, précisément, l’indice de référence des loyers (IRL) qui pourrait connaître un gel. Cet IRL suit l’évolution des prix à la consommation et, au premier trimestre 2022, selon l’Insee, il a connu une hausse de 2,48 % par rapport au premier trimestre 2021 ; un an plus tôt, la hausse avait été limitée à 0,09 % . Seulement, les spécialistes anticipent une pente ascendante de cette hausse des loyers. David Rodrigues, juriste à la CLCV (Consommation Logement Cadre de vie) parle d’une augmentation des loyers qui pourrait atteindre 5 % d’ici la fin de l’année (toujours selon « Les Echos »).

Les bailleurs sociaux et privés plutôt hostiles

Si les quelque 40 millions de locataires que compte la France peuvent se réjouir de cette possible annonce, les bailleurs, quant à eux, déchantent. Car un gel des loyers signifie pour eux un manque à gagner, alors même qu’ils pâtissent de la même manière de la hausse générale des prix. « Je ne pense pas qu’il soit utile d’opposer les gentils locataires aux méchants propriétaires, ce manichéisme ne sert la cause de personne » a déploré Pierre Hautus, directeur général de l’Unpi (Union Nationale des Propriétaires Immobiliers) au micro de RTL. « S’ il n’y a aucune compensation pour les propriétaires à la suite de l’adoption potentielle de cette mesure, je serai dubitatif. Il ne faut pas oublier que les propriétaires ont aussi leurs charges à assumer, dont une taxe foncière qui aura augmenté de 3,4 % à la fin de l’année, et des travaux onéreux en perspective pour la transformation énergétique de leur(s) logement(s)… ».

Les bailleurs sociaux émettent également des réserves, à l’instar de Damien Robert, le nouveau président d’In’Li, ou d’Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat. Dossier à suivre…

Exécutif : un gel des loyers n'est pas exclu