Beaucoup le pensent, certains le disent : en France, le logement serait le parent pauvre des professions de foi des candidats à la présidence de la République. Cette fois, au moins l’un d’entre eux a décidé de battre en brèche cette idée, en formulant des propositions concrètes sur le sujet. Yannick Jadot est donc passé à l’offensive, ne lésinant pas sur les engagements forts, à même de marquer les esprits des électeurs. Le premier d’entre eux a trait à la mise en place d’une assurance universelle sur les loyers, alignée sur le modèle de la garantie universelle sur les loyers (GUL) de la loi Alur, vidée de sa substance par le dispositif Visale (visa pour le logement et l’emploi). Concrètement, ce type d’assurance permet aux propriétaires de s’assurer contre les risques d’impayés, l’Etat se portant caution. Ainsi, les obligations de caution et garantie imposées aux locataires seraient automatiquement supprimées, dans un souci de plus d’égalité entre les prétendants à un même logement. Ou, pour reprendre les termes employés dans la tribune : « mettre fin à la compétition féroce entre locataires des centres-villes ».

A l’assaut des élus récalcitrants

Parmi les autres mesures, le candidat d’EELV s’engage à construire 700 000 logements sociaux sur le quinquennat, et à en rénover 800 000 mal isolés, à condition qu’ils restent dans le parc social pendant 20 ans. Il a aussi pointé du doigt les maires qui ne respectent pas les objectifs de la loi SRU. A ceux-là, Yannick Jadot souhaite retirer leur compétence en la matière, transférant la compétence de délivrance des autorisations d’urbanisme à l’Etat. Des amendes seront aussi infligées aux élus récalcitrants.

Concernant la rénovation thermique des bâtiments, le prétendant à l’Elysée souhaite élargir le chèque-énergie à 16 millions de Français et porter son montant à 400 euros pour les plus modestes. Une avance complète du coût des travaux par les énergéticiens est aussi envisagée. Enfin, il compte poursuivre la politique de non-artificialisation des sols, avec un objectif de zéro artificialisation nette d’ici à 2025. Le candidat promet que « chaque programme neuf sera soumis à un objectif zéro-carbone de devra comporter des espaces extérieurs ».

De Pécresse à Le Pen, en passant par Montebourg

Yannick Jadot n’est pas le seul à prendre des engagements sur le logement. Valérie Pécresse, tout juste investie par les Républicains pour être la candidate de la droite « traditionnelle », avait déjà formulé des propositions lors du congrès de la Fnaim (qui s’est achevé le 1er décembre), par la voix de son conseiller Geoffroy Didier. Sur le modèle la politique du logement qu’elle a menée dans sa région d’Ile-de-France, elle souhaite mettre l’accent sur le logement intermédiaire, qui s’adresse davantage aux classes moyennes, plutôt que sur les HLM. En prime, elle veut mettre en place des baux de six ans pour le logement social, afin de vérifier régulièrement l’éligibilité des résidents.

Marine Le Pen (RN) s’est elle aussi prononcé sur cette question, toujours à l’occasion de la Fnaim. Selon elle, seule la préférence nationale sera à même de résoudre la crise du logement. Pour justifier sa proposition, elle a argué qu’en France, « les ménages immigrés sont deux fois plus souvent locataires de HLM que les autres ». « Tous les Français doivent pouvoir bénéficier de la priorité nationale au logement ».

Enfin, l’iconoclaste Arnaud Montebourg y est aussi allé de sa proposition, comme toujours inattendue et quelque peu déroutante. A l’image de ce qui se fait en Italie, il a plaidé pour que l’Etat rachète le « million » de logements vides pour les réattribuer gratuitement à des familles souhaitant accéder à la propriété (proposition faite sur RTL). Une proposition qui comporte des limites, lesdits logements étant situés dans des campagnes reculées et isolées. Sans compter les coûts de réhabilitation des logements, pour la plupart laissés à l’abandon depuis une longue période et dont le qualificatif de « passoires thermiques » est loin d’être usurpé…

Le candidat EELV à l'élection présidentielle, Yannick Jadot, avance ses pions sur le logement