Ainsi, selon un sondage Ifop demandé par la Fédération, les adhérents de la Fnaim enregistrent une sévère baisse d’activité en cette fin de printemps, à – 38 %. Tous les segments du marché sont concernés, qu’il s’agisse de l’accession ou de l’investissement locatif. Explication : l’indice de confiance des ménages a fortement chuté passant de 115 en mai dernier à 93 en mai 2020, puis 97 en juin 2020. Il reste, toutefois, supérieur au niveau de 82, observé en 2008, au moment de la grande crise financière. Dans le détail, 47 % des sondés déclarent la conjoncture plutôt favorable à l’achat d’un bien, mais ils ne sont que 29 % à penser que c’est le bon moment pour vendre. L’attentisme prévaut par conséquent, mais quatre acquéreurs sur dix, qui avaient un projet d’achat avant le confinement, l’ont purement et simplement annulé.

Pas de ruée vers les campagnes

Des chiffres qui montrent que le changement n’est pas à l’ordre du jour pour une majorité des Français. L’exode urbain l’est encore moins, même si chez 18 % des personnes interrogées, le confinement a inspiré des envies de changement de domicile. Quand les sondés habitent en région parisienne, la proportion passe à 27 %. « L’envie est peut être là, mais ce n’est pas un puissant vecteur de soutien du marché » observe Jean-Marc Torrollion.

Des prix plutôt stables pour l’instant

Côté prix, l’heure est à la stabilisation : le prix du mètre carré avait battu, avant le confinement, un nouveau record : + 4 % en moyenne nationale à 2 751 euros. En réalité, pour les appartements, la progression était de 5,1 %, à 3 729 euros, contre + 2,6 % pour les maisons, à 2 246 euros. Dans ce contexte, le juge de paix reste l’accès au crédit, toujours freiné par les directives du HCSF (voir, sur ce sujet, les chroniques de l’économiste Michel Mouillart). Aussi, pour Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi, « Il faut que le gouvernement prenne les mesures nécessaires afin de redonner le droit d’emprunter. Le durcissement des conditions d’accès au crédit par le HCSF et le calcul du taux d’usure sont aujourd’hui des freins au financement et, par répercussion, à l’accès à la propriété ».

Un appel à la relance du secteur

Inquiète pour la suite, la Fnaim « met en garde le gouvernement afin de ne pas céder à la tentation si fréquente qui consisterait à taxer la pierre, et qui pénaliserait durablement le marché du logement au moment où il sera plus que jamais vital pour les Français ». Et son président de souligner que « l’immobilier a toujours été une pierre de la croissance économique, générant des richesses considérables pour le pays et, ce qui n’est pas des moindres, des rentrées fiscales à hauteur de près de 80 milliards par an (…) À cet enjeu économique s’ajoute un enjeu sociétal. L’immobilier d’habitation est une donnée fondamentale, un impératif social. Cela explique son éternel surnom de valeur refuge. Qu’il soit propriétaire occupant ou bailleur, la pierre est l’actif patrimonial de la classe moyenne et son épargne-retraite ». Il en appelle à « ne pas étouffer les petits bailleurs, pierre angulaire du logement », rappelant que « 37 % des quelque 5,1 millions de bailleurs particuliers qui ont mis à disposition des logements à louer, étaient des retraités qui complètent ainsi leur pension. Pas moins d’1,6 million d’entre eux sont non imposables eu égard à la modicité de leurs revenus ».

Plus de 150 000 ventes seront "perdues" cette année selon la Fnaim