En quoi consiste votre « joint-venture » avec Ivanhoé Cambridge et Bouwinvest ?

Il s’agit de deux partenaires proches avec qui nous avons l’habitude de travailler dans d’autres pays : l’objectif très clair est de gérer cette co-entreprise à travers l’acquisition et le développement de projets dans le Grand Paris, autour des étudiants et des jeunes professionnels. A l’heure actuelle, cette région connaît une forte pénurie de logements, et particulièrement de lits en ce qui concerne ces deux publics. Il s’agit de fait d’une classe d’actifs très peu développée : moins des 3 % des étudiants sont logés dans du logement étudiant prévu à cet effet, le « purpose-build » comme on dit en anglais. La demande est très forte et Greystar possède l’expérience nécessaire pour y répondre : nous gérons à l’heure actuelle 6 000 lits en Angleterre, 8 000 aux Pays-Bas, plus de 10 000 en Espagne… Il s’agit donc d’un développement naturel de notre activité.

Le marché est porteur et compte de très bons acteurs : il se compose actuellement, pour sa majorité, de produits de défiscalisation. Le système montre ses limites en ne croissant que grâce à ce type de financement alors que le besoin est de plus en plus significatif, avec une augmentation des inscrits dans l’enseignement supérieur de l’ordre de 5 % par an, et que l’offre a pris énormément de retard. Les Occidentaux sont de plus en plus diplômés et il n’y a pas de logements adéquats pour les futurs diplômés, ni même pour ceux qui viennent d’entrer sur la vie active, qui plus est, de plus en plus tard dans leur vie.

Où allez-vous investir ?

Le véhicule dispose d’un volume d’investissement qui totalisera le milliard d’euros et chaque projet sera d’une valeur maximale d’une centaine de millions d’euros. Nous avons un flux de projets sur lequel nous travaillons et nous devrions pouvoir annoncer un premier projet avant fin 2020. Ils sont tous de nature à développer des immeubles de plus de 500 lots, avec de grandes parties communes permettant aux habitants de se rencontrer, plutôt proches des transports du Grand Paris, soit pour les étudiants, soit pour les jeunes professionnels, soit en mixte. Ils doivent permettre à ces publics de se loger près de leur travail ou à moins de 30 minutes, en transports en commun, du centre de Paris et de la richesse de Paris intra-muros. Le Grand Paris Express ouvre des perspectives sur des localisations plus éloignées que précédemment, nous plaçant plus dans une perspective londonienne.

La crise sanitaire a-t-elle joué un rôle dans la création de ce partenariat ?

Pas du tout. Greystar est en France depuis fin 2018 et il s’agit tout simplement d’un développement naturel de notre activité. Nous prenons la crise sanitaire tout à fait au sérieux et nous avons tout fait pour assurer la sécurité des habitants et les employés de nos résidences étudiantes. Pour preuve, alors que les inscriptions en résidences pour l’année 2020 commencent, nous constatons un taux de retour supérieur aux années passées, grâce aux bons retours d’expérience que nous avons eu pendant le confinement. Nous sommes investisseurs, mais aussi exploitants, nous travaillons sur le long terme et nous voulons que nos résidents se sentent en sécurité.

Notre conviction intime, alors que nous avons toujours travaillé dans le logement, est que les cycles passent, les entreprises souffrent et le logement est un actif qui évolue. Notre rôle est de travailler à cette innovation, faire en sorte que l’hébergement soit une expérience positive et enrichissante. Le marché français est toujours aussi attractif, dispose d’une progression démographique importante et conserve ses bons fondamentaux.

Comment se porte Greystar ?

Greystar se porte très bien, en ayant la chance de lever un fonds d’investissement juste avant la crise sanitaire, avoisinant les 2 milliards de dollars de capital. Nous avons également fait l’acquisition aux Etats-Unis d’Alliance, un exploitant de logements. Notre confiance demeure intacte envers le résidentiel, sur lequel nous avons toujours travaillé. En France, nos taux d’occupation sont restés forts à travers la crise sanitaire : la crise du logement étudiant dans le pays pousse les étudiants à ne pas résilier leurs baux, le confinement a laissé les universités dans l’attente d’une réouverture possible et a donc poussé leurs étudiants à rester sur place, et enfin la qualité de nos actifs a mis nos résidents en confiance. Nous demeurons confiants envers notre démarche, qui est de fournir des résidences servicées plutôt que de simples mètres carrés : c’est exactement ce que cherchent les résidents, et ce modèle a de l’avenir.

Hideki Kurata (Greystar France) : "le marché français est toujours aussi attractif"