Pouvez-vous rappeler en quoi consistent les Maisons de Marianne ?

Il s’agit d’un concept inventé par un architecte, Eric Vialatel, en 2008. A l’origine, il s’agissait d’un habitat solidaire intergénérationnel qui présentait deux ambitions : des redevances peu chères et des lieux multigénérationnels. En effet, pour vieillir moins vite il faut côtoyer toutes les générations, continuer d’apprendre et développer ses capacités physiques et mentales. Pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées, le bâtiment doit être totalement adapté. A ce titre, notre cahier des charges techniques est précis : douches extra plates, cuisines ouvertes, volets roulants motorisés… Les parties collectives sont, elles aussi, en adéquation avec les besoins des seniors et personnes à mobilité réduite : accès avec des portes automatiques, notamment pour les fauteuils roulants, aménagements de parkings aériens et des espaces animés. Chaque Maison de Marianne dispose de son salon de convivialité de 100 m2 avec un coin tisanerie, un espace « cocooning » ou encore un lieu pour tenir des conférences. Nous employons des salariés en charge d’animer ces espaces et prendre soin des résidents. Aujourd’hui, nous souhaitons développer notre concept et l’étendre à de l’accession à la propriété.

Où peut-on trouver les Maisons de Marianne et comment sont-elles financées ?

Les premières Maisons de Marianne ont été ouvertes dans le Val d’Oise (95) en 2013 ; on en dénombre aujourd’hui 11 sur ce territoire. Dans toute la France, on en compte 35, dont 24 en Ile-de-France, six dans le Sud, deux dans les Hauts-de-France, une au Havre où, le maire et ancien Premier ministre, Edouard Philippe, a été séduit par nos projets et, enfin, une à Bordeaux. L’Ile-de-France constitue notre marché principal en raison du nombre d’agréments en logement social plus important dans cette région. Concernant le financement, nous sommes responsables de la partie conception, avec une équipe de monteurs d’opérations, de prospecteurs fonciers et d’architectes. Ensuite, nous nous associons à un promoteur constructeur comme Atland, Nexity ou Eiffage, puis l’on va vendre en état futur d’achèvement au bailleur ; une fois livré, nous conservons l’animation du lieu : organisation de jeux de société, de cours de cuisine, en passant par du jardinage…

Quels enseignements majeurs tirez-vous de l’étude intitulée « Les Maisons de Marianne : vieillir en France » réalisée avec l’institut OpinionWay?

La majorité des Français souhaite vieillir chez eux, aussi le système des Ehpad ne correspond pas à leurs attentes. Les trois quarts considèrent que le fait de regrouper les personnes âgées dans un même lieu favorise leur sentiment d’exclusion. Cela est clair : votre représentation dépend du milieu dans lequel vous évoluez. De plus, le montant élevé des maisons de retraites les rend parfois inaccessibles, alors que la pension moyenne de retraite était de 1 389 euros par mois en 2019 (source Drees), tous régimes confondus, contre 2 004 euros pour le prix mensuel médian d’une place en Ehpad (source Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie). Dans Les Maisons de Marianne, le montant du loyer est compris entre 220 et 600 euros. Notre modèle, basé sur la philosophie du partage et l’entraide entre les voisins, est vertueux. En outre, les locataires se sentent véritablement chez eux dans le sens où ils emménagent avec leurs meubles et peuvent même venir avec leur animal de compagnie.

Quelles sont vos ambitions et vos futurs projets ?

Actuellement, nous avons 35 Maisons de Marianne ouvertes, dix en travaux et une vingtaine en projets qui répondent à une forte demande. En France, il y a un peu moins de 700 000 lits d’Ehpad et il faudrait créer 100 000 places supplémentaires pour accueillir les personnes dépendantes. Sachant qu’une résidence Maison de Marianne représente 80 à 150 logements, cela reviendrait à en lancer 100 : notre rêve ! Cependant, la difficulté à trouver des terrains exploitables ne nous rend pas la tâche facile.

Raphaëlle Gilaber (Les Maisons de Marianne) : "Notre modèle est basé sur la philosophie du partage et l'entraide"