Pouvez-vous décrire l’activité de Care Promotion ?

Nous sommes promoteur immobilier, nous développons des opérations de logement en Ile-de-France et sur l’arc alpin, depuis nos implantations à Boulogne-Billancourt (92) et Annecy (74). Aujourd’hui nous sommes une soixantaine de collaborateurs et nous réalisons à peu près 100 millions d’euros d’activité par an. Nous avons deux sujets sur lesquels nous travaillons depuis longtemps et qui commencent à se voir, avec la livraison de nos premières opérations. Il s’agit, d’une part, des espaces de coworking en rez-de-chaussée de résidences, que l’on a souhaité développer dès la création de l’entreprise. Les premières livraisons incluant ces espaces de travail se situent à Colombes (92), Argenteuil (95) et puis bientôt à Bezons (95), Drancy (93) et à Annecy (74). A l’origine, cette idée est née d’un constat pré-Covid, en 2017, où notre réflexion portait sur le fait que le télétravail se développait. Or les appartements ne sont pas forcément hyper spacieux, on n’a pas forcément envie de travailler sur son canapé et on n’est pas forcément au calme… Notre objectif est d’aménager, pour nos clients, des espaces en rez-de-chaussée, afin qu’ils puissent se retrouver au bureau sans bouger de leur résidence. Ça c’était notre idée de départ ! Le premier bénéfice étant d’avoir un bureau à la maison à partager. Nous avons eu des projets très tôt, une fois l’entreprise lancée et ces projets-là, notamment ceux situés à Colombes, Annecy et Argenteuil, bien que nous les livrions aujourd’hui, nous les avons impulsés il y a quatre ans. Le second bénéfice était de créer du lien social dans la résidence, en faisant se rencontrer des gens dans un coworking en l’occurrence des voisins. Tout cela concourrait au bien-être des habitants et c’est plus convivial de se retrouver dans un espace de coworking que juste une fois par an à l’AG de copropriétaires, où généralement il peut y avoir des dissensions. Enfin, troisième point, il y a nombre d’endroits où les rez-de-chaussée ne se prêtent pas à du commerce et ces espaces de coworking habillent le socle, le rendent actif. Nous avons toujours beaucoup de transparence avec la rue, c’est par exemple le cas à Argenteuil : on qualifie donc l’espace public. Notre démarche est de l’expliquer aux élus : offrir un espace de travail de qualité aux collaborateurs, restaurer, développer, entretenir le lien social dans la résidence et avoir des pieds d’immeuble qui sont valorisés.

Quels sont les avantages de ces nouveaux tiers-lieux et quels sont vos projets en cours de réalisation ?

Chez Care Promotion, nous avons pris la décision de garder la propriété de ces espaces et nous avons monté une société d’exploitation à travers la marque enbâ. Nous exploitons les espaces de coworking dans lesquels vous allez trouver des bureaux aménagés, des grands écrans, une connexion haut débit en wifi et filaire, un photocopieur professionnel… Et dans les dernières évolutions de nos coworkings, vous trouvez des petites bulles de confidentialités pour faire des visio-conférences sans déranger ses voisins, des distributeurs d’eau chaude et froide, des sanitaires, ou encore la climatisation. Notre objectif s’est renforcé avec la crise sanitaire, nous souhaitons offrir exactement la réplique de ce que nos clients trouvent quand ils vont au bureau et ça a d’autant plus d’importance au regard de la crise. Le télétravail qui était quelque chose qui existait déjà est devenu un classique pour tout le monde. Avec des problèmes par rebonds pour les employeurs qui doivent s’assurer que leurs collaborateurs lorsqu’ils sont chez eux, en télétravail, ont une chaise et un bureau qui ne va pas leur abimer le dos et les poignets, que l’éclairage est bon pour les yeux, que les conditions de ventilation ne vont pas leur causer des troubles… Et bien c’est ce qu’on garantit, dans nos espaces de coworking : tous les critères applicables à un espace de travail sont réunis. Nous avons livré le premier espace de télétravail à Colombes en 2020, puis celui d’Argenteuil en juin 2022. Cet été, nous livrerons un espace de télétravail à Drancy. A la fin de l’année ce sera à Annecy. D’autres sont encore en projet, à différents stades de travaux ou en attente de l’obtention de permis de construire, à Saint-Cyr l’école (78), Bussy-Saint-Georges (77), Ormesson (94), Roissy-en-Brie (77) ou encore à Samoëns (74). La moitié de nos résidences seront dotées de ces espaces, on le fait dès que possible. Il faut malgré tout une taille minimum : lorsque l’on réalise 30 logements ce n’est pas économiquement possible de mettre un espace de télétravail. Par exemple, sur notre projet d’Argenteuil où 100 logements sont prévus, notre espace enbâ est déficitaire à l’ouverture et il le restera pendant dix ans. La première année est gratuite pour nos clients car nous souhaitons qu’ils prennent l’habitude de l’utiliser et ensuite se mettent en place des systèmes d’abonnement dont le prix est toujours inférieur au coût de revient. Nous considérons que cela va produire deux effets : la recommandation des utilisateurs qui va attirer plus de clients ; et cela peut faire la différence auprès des collectivités. De plus, on étudie l’option de l’ouvrir au public extérieur à la résidence. Au départ, ce projet n’était destiné qu’à nos clients, puis il y a deux ans, nous avons gagné un concours avec l’Epamarne, à Bussy-Saint-Georges et le Maire nous a incité à ouvrir le projet au voisinage. Nous allons démarrer les travaux en septembre pour l’agrandir de 40 mètres carrés, par conséquent, dans deux ans nous allons ouvrir notre premier espace de coworking qui ne sera effectivement pas seulement limité aux habitants de la résidence, mais également à leurs voisins.

Dans ce contexte inflationniste, quel bilan faites-vous chez Care Promotion au terme du premier semestre 2022 ?

Nous sommes en ligne avec nos objectifs. Notre exercice se terminant le 31 août nous sommes plus près de la fin de l’année que du début. Je constate que les commerces et l’utilisation se portent bien. Malgré les difficultés et les coûts techniques, nous arrivons à boucler des appels d’offre avec des entreprises de confiance, ce qui est majeur puisque cela conditionne la qualité de la livraison que nous pourrons offrir à nos clients. Ce que je constate aussi c’est qu’il n’y a toujours pas de détente sur le foncier et que les collectivités sont toujours aussi réticentes à livrer des autorisations de construire. Cela se fait au détriment des clients parce que les terrains qui se raréfient, créent des logements plus chers qui induisent des taux d’intérêt qui augmentent et font sortir une partie de la clientèle. Nous n’avons absolument aucun intérêt à ce que le prix augmente et même plutôt intérêt à ce que le coût du foncier, les coûts de construction et les coûts de vente baissent un peu. Nous souhaitons pouvoir proposer nos produits à davantage de clients. Je ne vois pas bien les éléments qui pourraient participer à la détente foncière et convaincre les élus de délivrer davantage d’autorisation de construire car finalement ça correspond à ce que veulent leurs électeurs.

Care Promotion, en 2022, devrait livrer un peu plus de 400 logements. Cela correspond à notre feuille de route, mais notre objectif est de réaliser à peu près 1 000 logements par an.

Trois questions à... Emmanuel Rolland (Care Promotion)