Quel est le principal enseignement à retenir de l’étude de 2021 ?

Ce qui ressort principalement, c’est qu’il existe une vraie corrélation entre le logement de l’enfance et celui auquel nous aspirons adulte. Une fois que l’on a trouvé le logement correspondant, ou du moins se rapprochant, à celui de l’enfance, il y a moins de chances que nous en bougions. La boucle est alors bouclée.

Votre étude met en lumière un paradoxe notable : 79 % des sondés disent vouloir habiter une maison et, dans le même temps, ils affirment que les villes ne doivent pas s’étendre indéfiniment. Or, pour construire du neuf, il n’y a parfois pas d’autre solution que d’augmenter les périmètres de construction. Comment résoudre cette équation ?

Les mêmes contradictions apparaissent dès lors que l’on aborde les questions d’écologie. Prenons les éoliennes : selon leurs dires, les Français n’y sont pas opposés du moment qu’elles ne sont pas trop proches de chez eux. Concernant les maisons, la problématique qui nous est posée est la façon dont les formes urbaines peuvent être retravaillées ; par exemple, via des lotissements comportant le moins de voieries et d’espaces verts possibles. Nous pouvons aussi envisager un glissement du marché de la maison individuelle : au contrat de construction classique, où l’on peut construire une maison totalement personnalisée dont les critères de dimensions sont laissés au libre-arbitre des maîtres d’ouvrage, peut succéder un modèle plus urbain, comme la Vefa (vente en état futur d’achèvement). Les modalités de production de la maison individuelle vont nécessairement être amenées à évoluer. De plus, il faut que les élus s’approprient cette question de la densité.

C’est la deuxième édition de votre étude. Avez-vous constaté des différences notables entre celle de l’année dernière et celle de cette année ?

L’une des tendances apparue l’an dernier et qui se confirme en 2021 concerne les mouvements de population. Les personnes habitants dans des grandes villes les quittent pour déménager dans des villes plus petites, mais pas pour aller au fin fond de la campagne. Les changements radicaux sont plutôt rares. La tendance est d’aller vers de l’urbain moins dense. Concernant l’accès à la propriété, il existe un écart de neuf points à la hausse entre 2020 et 2021 : aujourd’hui, il y a 72 % des locataires qui aspirent à devenir propriétaires, contre 63 % l’année dernière. C’est la preuve que la crise du Covid-19 a vraiment décuplé le désir et le besoin d’être chez soi, ce qui passe par le fait d’être propriétaire, de préférence d’une maison individuelle.

Trois questions à Yannick Borde, directeur général du groupe Procivis Ouest Immobilier