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Philippe Pelletier : « et si l’avenir était à l’absence de ministre du Logement ? »

Points de vueLogement

le 23 Mai 2022

A l’heure où ces lignes sont écrites, le Gouvernement nouveau est formé sans qu’un titulaire ne soit explicitement en charge du Logement et de l’Urbanisme ; et les premières réactions, émanant des représentants des bailleurs sociaux, des promoteurs et professionnels de l’immobilier ou d’associations de lutte contre le mal-logement, d’y déceler un mépris présidentiel pour notre activité et à tout le moins, une lacune à vite combler.

Même si l’on ne peut exclure qu’un ministre délégué ou un secrétaire d’Etat sera ultérieurement en charge du Logement, rattaché à la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, pour satisfaire l’attente des fédérations, la situation actuelle mérite qu’on s’y arrête car, à la différence des premiers commentateurs,  je lui prête quelques vertus.

Habituellement, notre discours sur le logement se nourrit principalement de trois thèmes récurrents : il est au centre de nos vies et, partant, il est un élément-clé du pouvoir d’achat des ménages ; il souffre néanmoins d’un traitement économique à part, comme s’il devait échapper aux règles de l’économie nationale ; il est, enfin, l’objet d’un centralisme excessif, laissant peu de place à la dynamique propre aux territoires.

Et voilà que l’absence d’enfermement du logement dans un portefeuille ministériel ouvre justement une voie concertée de progrès de ces trois thématiques :

  • n’est-ce pas le bon moment d’englober le coût du logement dans les mesures attendues de soutien au pouvoir d’achat des ménages ? Au lieu de penser blocage des loyers ou encadrement du jeu indiciaire, comme le fait généralement tout ministre du Logement, avec les conséquences que l’on sait sur l’entretien des bâtiments et leur transformation écologique, n’est-il pas bienvenu de penser hausse des APL, ce qui est l’affaire du ministre de l’Economie ?
  • N’y a-t-il pas une belle opportunité de voir enfin l’industrie immobilière considérée comme une branche à part entière de l’économie du pays ? L’insérer dans la marche générale de l’économie du pays, c’est sortir de ce syndrome insupportable de l’économie de rente, c’est traiter ses investisseurs comme des acteurs économiques ordinaires, c’est assurer la mue de ce secteur de l’industrie à l’instar des autres. L’exercice vaut d’être tenté.
  • N’est-ce pas aussi l’occasion choisie de réaliser la promesse présidentielle de décentraliser la politique du logement, avec transfert aux territoires des ressources fiscales comme de la faculté d’adapter les règles au contexte local ? Passer ainsi d’une stratégie de l’offre à celle de la demande, appréciée sur chaque territoire, contribuerait sûrement à produire des logements là où ils sont nécessaires.

Ne nous arc-boutons donc pas à l’excès sur nos routines et la commodité de l’entre-soi qui nous fait espérer un ministre « à nous », porte-parole du secteur où nous évoluons : la politique de l’habitat de demain s’adaptera au temps d’aujourd’hui en mobilisant, chacun à leur place, mais tous ensemble, la Première ministre chargée de la planification écologique, les ministres de l’Economie, de la Justice, de la Cohésion des territoires, de la Santé, des Solidarités, de la Jeunesse… Peut-être faut-il que l’Etat invente un haut-commissariat ou une délégation interministérielle qui nous aide à organiser notre vision commune et à accompagner nos propositions ; l’essentiel est que la communauté du bâtiment et de l’immobilier prenne en main son destin en portant elle-même, de façon coordonnée et volontaire, les voies de progrès qui assureront plein-logement et accompagnement des plus fragiles.

Philippe Pelletier

La rédaction d'immoweek

Édito
par Anthony Denay

le 16/03/2023

Le logement, « bombe sociale »

Sur le logement, le gouvernement fait consensus… contre lui.

Réunis à l’occasion d’une table ronde au Mipim, Véronique Bédague (Nexity), Emmanuelle Cosse (Union Sociale pour l’Habitat) et Cédric Van Styvendael (maire de Villeurbanne) n’ont pas eu de mots assez durs pour fustiger la politique, ou plutôt la non-politique, conduite sur le front du logement par l’exécutif. Peu importent les tendances politiques, les orientations idéologiques et philosophiques des uns et des autres, les conclusions sont similaires. Déni, inaction, immobilisme, désintérêt, dédain, irresponsabilité… Autant de griefs à l’endroit d’un pouvoir jugé hors-sol et (du moins sur le thème du logement) anti-social. Olivier Klein, l’actuel titulaire du portefeuille, a pris la parole en préambule… et en visioconférence. Il a fait – logiquement – preuve de volontarisme, expliqué qu’il finirait par trouver une oreille attentive de la part de la Première ministre et du Président de la République. Les acteurs cités plus haut n’ont pas  directement orienté leurs flèches contre lui, louant sa connaissance du terrain en tant qu’élu local et sa pugnacité pour faire avancer les dossiers. Mais ont, néanmoins, émis des réserves quant à sa capacité à infléchir la politique gouvernementale, à réussir là où ses prédécesseurs à ce poste ont manifestement échoué.

« J’ai l’impression que le gouvernement n’a pas conscience de ce qui est en train de se passer dans le pays » a déploré Véronique Bédague. Emmanuelle Cosse lui a embrayé le pas : « je suis sidérée que le logement ne soit pas érigé comme une priorité, car même d’un point de vue économique, c’est un énorme manque à gagner. L’Etat ne fait que colmater les brèches, n’agit que par à-coups, n’a aucune vision stratégique ». Sur un front plus politique, elle a évoqué la houleuse réforme des retraites, qui fait tant débat aussi bien à l’Assemblée nationale que dans la rue, mais aussi l’ancien mouvement des Gilets jaunes, comme autant de symptômes pas entièrement décorrélés des questions liées au logement (pénurie, hausse de la taxe foncière…). De son côté, l’édile de Villeurbanne a chiffré à 190 milliards d’euros le coût du mal-logement en Europe et a tenté d’expliquer l’immobilisme des différents gouvernements constitués par Emmanuel Macron depuis son accession au pouvoir en 2017 par une approche philosophique qui se distinguerait de celle de ses prédécesseurs : « nous voyons bien que le Président de la République est un adepte de la mobilité, qu’il n’est pas un fan absolu de la propriété, de la pierre, synonyme d’immobilisme et d’adaptation moindre aux nouvelles réalités économiques et professionnelles qu’il appelle de ses vœux en France ». Le terme de « bombe sociale » a été maintes fois répété, asséné tel un mantra, par Olivier Klein lui-même en préambule de la conférence. Des mots, encore des mots pour Emmanuelle Cosse qui, en plus des slogans parfois un peu faciles, souhaite voir mises en place de véritables actions pour remédier à ce constat sur lequel tout le monde s’accorde. Chiche ?

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