Pouvez-vous nous présenter P3 Logistics Parks ?

Nous sommes investisseurs-promoteurs de plateformes logistiques et faisons aussi de l’asset management. Nous sommes l’un des trois premiers acteurs en Europe sur le marché de l’immobilier logistique, avec une présence dans onze pays et 7,7 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Cela correspond à 6,6 millions de mètres carrés d’entrepôts. Notre siège est situé en République Tchèque depuis vingt ans, là où l’entreprise a été créée. Notre taux d’occupation est très élevé, avec plus de 450 clients réguliers. La communication entre nos équipes en Europe est particulièrement transverse, afin de fluidifier au maximum la transmission d’informations. Nous développons aussi bien des parcs XXL que des centres logistiques urbains plus petits (maximum 5 000 m2) abritant des acteurs du e-commerce, notamment en Allemagne. P3 Logistics Parks développe tant l’immobilier pour son propre compte que la société investit dans des immeubles déjà existants. L’Etat de Singapour est notre actionnaire de référence, dont les capitaux sont indispensables pour pouvoir réaliser des opérations d’envergure.

Je dirige l’équipe française depuis trois ans. La France, justement, n’était pas l’un des pays les plus en avance dans le secteur de la logistique, avec des acquisitions et des développements qui n’étaient pas au centre de la stratégie. Nous avons procédé à une première acquisition l’an dernier, ce qui a enclenché une phase de croissance forte. Nous ambitionnons d’accélérer notre développement…

Le marché français est-il devenu une priorité pour P3 Logistics Parks ?

Le marché français n’a pas été particulièrement privilégié ces dernières années, pour les raisons que je viens d’évoquer. En termes de risques et de rendements, d’autres pays présentaient de meilleures garanties. Mais P3 Logistics Parks opère actuellement un recentrage sur les pays d’Europe de l’Ouest, dont la France fait partie. La logistique et le e-commerce ayant connu une croissance exponentielle, notamment en France, tous les pays concernés ont vu leurs besoins en entrepôts logistiques augmenter. La France a connu une année 2021 record dans ce secteur, tant au niveau de la demande placée qu’en investissements (5 à 7 milliards investis selon les rapports). Nous n’avons jamais été aussi haut, tant en termes de valeurs d’immeubles que de valeurs locatives. Notre développement est conditionné à différents axes : nos projets doivent être réalisés sur des friches ou des terrains industriels afin de ne pas polluer des sols non-artificialisés (comme à Seclin, en banlieue lilloise, avec la reconversion totale d’une friche industrielle pour y installer un bâtiment de 23 000 m2) et nous recherchons l’excellence maximale, d’un point de vue de la responsabilité environnementale, de nos nouveaux bâtiments, ce qui passe par un 0 % d’émission carbone d’ici 2030. Nous nous attelons aussi à la réhabilitation vertueuse des bâtiments existants.

Quel est l’état de la demande pour les entrepôts logistiques XXL en Europe ?

La demande pour les entrepôts n’a pas attendu la crise du Covid pour exister. Le virage avait déjà été pris à la faveur du développement du e-commerce et de la transformation digitale de la vente en général. Les bases étaient déjà présentes, la crise sanitaire ne faisant que renforcer un phénomène préexistant. Le stock redevient stratégique. De son côté, le e-commerce a triplé les besoins de surfaces de stockage de manière générale, pour des problèmes de taille critique, d’offre à proposer aux clients et de reverse logistique (retour du consommateur en direction du fabricant en cas de défectuosité du produit commandé). Que ce soit sur des entrepôts XXL ou des surfaces de stockage de proximité, tous les indicateurs sont au vert car la demande est forte, à la fois pour relocaliser ou créer du stock. La logistique devient un catalyseur de toutes les grandes tendances observables : flexibilité, agilité et digitalisation du commerce.

Trois questions à... Christophe Chauvard, directeur général de P3 Logistics France