Elle est LA plus iconique des enceintes sportives françaises. En presque 30 ans de vie, elle a été témoin d’épopées passées à la postérité : la victoire en finale de Coupe du monde de football 1998 face au Brésil (3-0), l’exploit du XV de France contre les All Blacks néo-zélandais en quart de finale du mondial 2007… De défaites amères également, à l’image de la désillusion de juillet 2016 en finale de l’Euro 2016 face au Portugal (0-1). Bâtie en amont de la Coupe du monde 1998 organisée en France, l’imposante enceinte avait vocation à être la maison des équipes de France masculines de football et de rugby, ainsi qu’un argument de poids pour se voir attribuer des compétitions majeures du sport international (à l’image des prochains Jeux Olympiques de Paris 2024). Problème : son utilisation ne devient de fait qu’occasionnelle, aucun club (ni le Paris-Saint-Germain pour le football, ni le Stade Français pour le rugby) n’y élisant domicile pour recevoir leurs adversaires. Un rapport dévoilé par nos confrères du « Parisien » stipule qu’au cours des 23 dernières années, l’absence d’un club résident au Stade de France a coûté à l’Etat plusieurs dizaines de millions d’euros…

Pour sa construction, le Stade de France a coûté 361 millions d’euros, dont 191 millions à la charge de l’Etat. Depuis, son exploitation, signée en 1995 avant même sa livraison, est assurée par le consortium Vinci/Bouygues. Or, l’échéance du contrat de concession est fixée à 2025. Après cette date, il faudra faire des choix. Il n’est pas inutile de rappeler que le fait qu’un Etat soit propriétaire d’un stade est une rareté ; dans la majorité des cas, les enceintes sportives appartiennent soit à une municipalité (la Mairie de Paris avec la Parc des Princes), soit directement au club qu’elles hébergent, soit enfin à un propriétaire privé. Plusieurs pistes sont à l’étude pour le futur du stade : un rachat, une nouvelle concession… Le prix de l’enceinte est fixé à 647 millions d’euros, selon les comptes de l’Etat établis en 2021. La date limite pour le dépôt des candidatures a été fixée au 27 avril 2023, pour une attribution probable en 2025.

Du PSG à la Fifa

Un acteur inattendu (quoique) est venu se mêler à la danse pour acquérir l’enceinte : QSI, la société qatarie propriétaire du Paris-Saint-Germain. Déjà désireuse d’acquérir le Parc des Princes afin d’augmenter sa capacité d’accueil, actuellement plafonnée à 48 500 personnes (ce qui est, de toute façon, impossible pour des raisons urbanistiques, le stade surplombant le périphérique parisien), la société qatarie prospecte depuis quelque temps afin de dénicher un nouveau point de chute. Hippodrome de Saint-Cloud, Poissy (où le député local Karl Olive, supporter du club, fait un intense lobbying pour accueillir son club de cœur au sein de cette commune) : plusieurs alternatives ont été évoquées, plus ou moins sérieuses, plus ou moins réalisables. La vente possible du Stade de France pourrait constituer une nouvelle piste, qui semble plus crédible, celle-là. La ministre des Sport, Amélie Oudéa-Castéra, interrogée à ce sujet, n’a exclu aucune possibilité, expliquant que l’Etat cherchait « le meilleur projet de long terme » en gardant « la vocation sportive du stade » et en « préservant les intérêts économiques et financiers de l’Etat ».

Une autre piste pourrait également remporter la mise : que les Fédérations françaises de football et de rugby (FFF et FFR) s’unissent afin d’acquérir enfin le stade qu’elles utilisent depuis presque 30 ans. Ainsi, plus de location à payer par les deux organismes, dont le montant élevé a souvent été l’objet de crispations par le passé (de même qu’une redistribution jugée inéquitable des recettes de billetterie). Enfin, une rumeur récente voudrait que la Fifa (Fédération internationale de football) étudie le dossier de près. Rumeur presque aussitôt démentie par l’intéressée…

Stade de France : l'Etat va-t-il vendre son emblématique enceinte sportive ?