Après une mise en place chaotique en 2015 et une suspension en 2017, le dispositif d’encadrement des loyers est entré en vigueur à Paris le 1er juillet 2019, en application des lois Alur et Elan de 2018.

Pour fixer un loyer de « référence », différents critères sont utilisés : l’emplacement, l’année de construction, la typologie du logement et la nature du bail. Une fois ce loyer établi, les propriétaires ne peuvent, en théorie, pas fixer un prix supérieur de 20 % à celui-ci. Mais dans les faits, il semblerait que cette obligation ne soit pas toujours respectée. Un constat fait par Aymeric Dominique et Thomas Legrand, respectivement développeur web et data scientist : « nous étions tout deux à la recherche de logements à Paris, juste après l’application de l’encadrement des loyers. Les prix étaient élevés, alors nous avons eu l’idée de créer un site qui nous permettrait de savoir si telle ou telle annonce respectait bien le loyer de référence » explique Thomas Legrand.

Les deux spécialistes du web lancent alors une extension de navigateur appelée « encadrement-loyers.fr », compatible avec Chrome et Mozilla, qui analyse les annonces de location situées à Paris et à Lille. Une fois téléchargée, il suffit de se rendre sur l’un des quinze sites d’annonces partenaires, dont Leboncoin, Seloger, PAP… L’application scanne alors les annonces, « les informations sont envoyées à notre serveur, qui va les analyser et les retourner à l’utilisateur » explique Aymeric Dominique. Ainsi, si une annonce est considérée comme étant dans l’illégalité, elle déclenche un pop-up informant l’internaute de la fraude, expliquant les éléments qui ont justifiés l’alerte et affichant le montant du loyer maximum autorisé.

De 39 à 54 % d’annonces illégales

D’après les deux créateurs du projet, » au sein des 13 000 annonces qui sont recensées par notre extension, nous comptons une moyenne de 39 % d’annonces illégales ». Une catégorie de logement est particulièrement sujette au non respect de cet encadrement : les petites surfaces. Pour les annonces d’une surface inférieure à 30 m², 54 % d’entre elles apparaissent comme « non conformes » : « ces petites surfaces sont majoritairement louées à des jeunes, des étudiants, nous souhaitons les aider à économiser de l’argent. Cette application est donc gratuite et les données publiques, cela ne changera pas ». Les créateurs de cette extension affirment, en effet, que leur action est pro gratia et ne fera pas l’objet d’une quelconque commercialisation.

Une tâche complexe que celle de bien qualifier les annonces, puisque celles-ci ne sont, bien souvent, pas complètes, les propriétaires omettant, par exemple, fréquemment de spécifier l’année de construction de l’immeuble. Dans ce cas, le loyer de référence retenu sera toujours le plus élevé possible, pour éviter toute mauvaise surprise à l’utilisateur.

Cependant, les deux créateurs du site rappellent que certains éléments peuvent fausser le verdict de l’application. L’outil ne tient, en effet, pas compte de certains éléments qui peuvent justifier un loyer plus élevé, comme une terrasse ou un jardin. Certaines annonces peuvent donc apparaître comme « illégale », sans l’être.

Implantée à Paris et Lille, la startup entend se développer dans le plus de ville possible et affirme se pencher sur l’Est parisien, qui a autorisé depuis le premier juin dernier la mise en place de l’encadrement des loyers à de nombreuses communes.

"encadrement-loyers.fr", l'outil qui détecte les annonces illégales