Ce fut une grosse surprise sur le marché immobilier parisien « de prestige » à l’orée de l’été. Période habituellement faste pour le secteur, avec de grosses opérations conclues en amont des vacances estivales, ce cru 2022 aura dérogé à la règle. Les agences ont, en effet, noté un certain « lâcher-prise », « une volonté de partir en vacances plus tôt et plus longtemps, au lieu de se pencher sur son projet immobilier ». Si l’on ajoute à ce tableau le retour de l’inflation, le resserrement des conditions d’emprunt et la hausse du taux d’usure, les mois de juin, juillet et août se sont davantage apparentés à une période hivernale.

Depuis septembre, l’on assiste à l’émergence d’un marché acquéreurs à deux vitesses. D’un côté, les biens les plus haut de gamme (vue dégagée, peu ou pas de travaux à réaliser, normes énergétiques optimales…), avec une valeur supérieure à trois/quatre millions d’euros, ont été peu impactés par les fluctuations économiques. Les rez-de-chaussée, ainsi que les biens avec terrasse jouissent toujours d’un réel engouement. En témoigne un appartement du square de la Rochefoucauld (7ème), en étage élevé, sans vis-à-vis, plein ouest, qui s’est vendu en quelques visites sur la base de 26 300 euros du mètre carré, à refaire entièrement. A contrario, un appartement familial de 122 m2, ancien, au 2ème étage, rue de Varenne (7ème), a mis plusieurs mois à se vendre car considéré comme « lambda » aux vues des prix pratiqués ; il a finalement trouvé un acquéreur à force de négociation, au prix de 14 400 euros le mètre carré.

De l’autre, l’on note une nouvelle position de force en faveur des acquéreurs pour les biens « plus lambda » (bien que situés sur le segment haut de gamme) ; ces derniers anticipent une baisse des prix (refus de prêts, nouvelles réglementations sur le DPE, inflation…) pour adopter une position agressive. Certaines offres laissent ainsi apparaître une baisse pouvant aller jusqu’à 25 % par rapport au prix initial. Pour l’instant, il est à noter que les refus de prêts sont encore minoritaires, avec 86 % d’acquéreurs sans condition suspensive de financement au sein des agences de Vaneau Rive Gauche. Cependant, au lieu de vendre à un prix au rabais, la plupart des propriétaires de ce type de biens préfère aujourd’hui les retirer du marché plutôt que de prendre le risque de gripper une partie du marché.

Les étrangers, au premier rang desquels les Américains, redynamisent fortement ce créneau haut de gamme, après cinq ans d’accalmie. Les ressortissants des Etats-Unis représentent, ainsi, 22 % de la clientèle étrangère de Vaneau Rive Gauche, et sont majoritaires pour les biens à plus de trois millions d’euros.

Davantage qu’une baisse des prix, Vaneau mise sur un tassement prochain des prix. « Les délais de vente des biens classiques vont se rallonger et le nombre de transactions baissera certainement, avec un marché qui tend à se retourner pour l’ensemble des biens inférieurs à trois millions d’euros du fait des acquéreurs qui ont en partie repris la main ». Le commentaire se conclut par une note optimiste : « au-delà de ce palier de prix, le marché reste paradoxalement beaucoup plus dynamique avec de nombreuses transactions, nous laissant optimistes pour les perspectives en 2023″…

Une fin d'année dynamique pour le marché résidentiel parisien "de prestige"