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Chloé Laurent (Groupama Immobilier) : « tout est possible »

26 Juil 2024 - 12h50

« J’ai un parcours atypique pour la profession. Dans le secteur, je ne suis pas très commune » : voilà comment Chloé Laurent, cheffe de projet chez Groupama Immobilier, commence le récit de son itinéraire universitaire et professionnel. Car, effectivement, rien ne la prédestinait à s’orienter vers le secteur immobilier. Après le bac, la jeune femme intègre une prépa littéraire avant de rejoindre Science-Po à Aix-en- Provence, puis Dauphine dont elle sort diplômée d’un Master en Management des organisations. Un parcours atypique certes, cependant récompensé d’une « Pierre d’Or » par nos lecteurs… (Aexequo avec Almudena Garcia)

Clémence Leleu

Ainsi, ses premières expériences sont plutôt orientées dans la domaine de la culture avec une année de césure à l’Alliance française de Toronto où elle fait de la coordination culturelle et au Festival d’Avignon où elle aide à monter une dizaine de pièces. « Je n’étais donc pas prédestinée à me lancer dans le domaine de l’immobilier. Mais ces expériences me servent énormément aujourd’hui, pour avoir une approche transversale sur les sujets de la ville et de l’immobilier ».

Comble du hasard, sa première expérience professionnelle dans le domaine a été le projet de l’Arena, à Nanterre, dont elle loue le cercle économique vertueux avec une activité de loisir qui devait financer une pratique sportive, celle du Racing 92 notamment. « Finalement, c’est ici que j’ai découvert le métier de la maîtrise d’ouvrage qui m’a très vite passionné ». Cette approche « un peu hors du commun » lui a permis de développer une entrée en matière dans les projets qui est un peu différente de ses confrères. « Ce qui m’a d’abord intéressé, c’est l’insertion urbaine, le programme, les usages, la logique à long terme, avant l’asset management ou le développement ». En 2019, elle rejoint Groupama Immobilier pour travailler à l’ambitieux projet « The Link », nouveau siège social de Total Energies. Sa mission ? « S’assurer que ce que l’on construit correspond bien à ce que l’on va louer ensuite à Total Energies. Le plus grand défi est de gérer cette relation contractuelle et d’arriver à délivrer un produit aussi exceptionnel que « The Link », une tour de dernière génération, dans les temps et avec le niveau de qualité attendu ». Une tour exceptionnelle effectivement, car cette dernière est horizontale et reliée sur 30 niveaux à des parcelles végétalisées et propose des « business units » de 6 000 mètres carrés lorsque les autres tours n’en proposent, en moyenne, que 1 600.

Chloé Laurent a également participé à d’autres projets sur le territoire de La Défense, notamment à l’appel à projets Empreinte, dont elle a coordonné les études et le montage pour Groupama Immobilier. « Ce projet nous a permis de nous questionner sur l’immobilier neuf que l’on peut proposer demain dans un quartier d’affaires comme La Défense alors qu’il y a de la vacance sur les immeubles de bureaux, doublé d’une crise de logement ». Une des réponses apportées et qui est un des sujets majeurs portés par la cheffe de projet est « la réversibilité des bâtiments ». Comprendre : des immeubles qui puissent basculer dans leurs usages. Et ce, autant de fois que le marché exigera le basculement de l’activité. Tout en intégrant les enjeux de mixité, la conception bas carbone, « low tech »… « Plus on sera pertinent sur cette agilité face au marché, plus on sera durable d’un point de vue environnemental » détaille Chloé Laurent.

Cette reversibilité, qui combine la mixité, la multiplicité des usages ou la chronotopie, c’est notamment lors d’un voyage au Japon que la jeune femme l’a découvert. Chicago l’a également beau- coup inspirée, une ville qu’elle a découverte lors d’un voyage d’études dans le cadre de la réflexion initiée pour Empreinte. « La créativité des acteurs publics et privés pour redonner vie au Loop, où a été construit le premier gratte-ciel au monde et qui est le quartier d’affaires de la ville, a été très inspirante. J’ai pu y découvrir des pistes pour faire vivre le quartier de La Défense et le reconnecter à la Ville de Paris ».

En dehors de ces voyages, la jeune femme apprécie randonner en haute montagne, mais aussi le théâtre, auquel elle reste attachée malgré un temps qui lui file entre les doigts pour cause de maternité. Côté inspiration, elle cite Christine Lagarde qu’elle avait, durant ses études, interrogée sur son parcours et qui lui avait glissé n’avoir aucun plan de carrière : « tout est possible ». Une maxime qu’elle chérit précieusement et qu’elle distille à celles et ceux qui voudraient marcher dans ses pas : ceux de l’atypisme qui peut, elle l’a démontré, mener à tout. Y compris à une « Pierre d’Or »…

La rédaction d'immoweek