D’un « milieu ouvert sur l’accueil des autres », le jeune Christophe choisit des études de sociologie à la faculté de Nanterre. Sa thèse porte (un signe ?) sur « l’habitat des gens du voyage ». « J’avais déjà, en licence, étudié la scolarisation des familles gitanes en Seine-Saint-Denis, qui constituait une première approche pour ma thèse ». Son diplôme en poche, il intègre, logiquement, le cabinet réputé FORS-recherche sociale où, pendant dix ans, il va « produire des études pour les collectivités territoriales, les ministères, les ONG, sur des sujets assez divers »…, mais souvent axés sur le… logement. On lui propose alors de créer le « service études » de la Fondation Abbé Pierre, qui avait vu le jour en 1992. « Après avoir hésité, j’ai accepté ce défi en 2004…, mais je passais d’une structure d’une bonne quinzaine de chercheurs à… ma seule personne. Il s’agissait, pour la Fondation, de produire de la connaissance, de rendre visibles les sujets en proposant de l’information statistique aux décideurs, aux médias. C’était passionnant et, peu à peu, le service études s’est étoffé ». En 2008, notre homme se voit confier également le développement de la présence régionale de la Fondation : d’observateur, il devient pleinement acteur et prend peu après le poste de directeur général adjoint auprès de Patrick Doutreligne. La présentation du rapport annuel de la Fondation, qui est devenu un évènement essentiel du secteur (elle aura lieu le 1er février 2023), lui donne l’occasion de comprendre la demande croissante de communication à cet égard. Et de tester ses capacités en cette matière…

Et disons-le (il n’est pas du genre à se hausser du col), il excelle dans l’exercice. Est-ce parce que « ce sujet [le] touche énormément » ? Évidemment, car on sent en lui une conscience et un engagement très fort, mais aussi car, tout simplement, il sait faire et a la capacité de faire passer des messages. Il constate d’ailleurs : « notre discours, nos arguments sont plus entendus qu’autrefois. C’est aussi car nous appuyons nos constatations et nos demandes sur notre action. Notre objectif premier reste de rendre visibles les souffrances qui ne le sont pas. Mais aussi, en corollaire, de dire, de prouver qu’il existe des solutions, qu’on peut faire autrement ». Aujourd’hui chargé, dans le cadre du Conseil National de la Refondation, du rapport avec Véronique Bédague, la présidente de Nexity, Christophe Robert tient à préciser que « nous participons, bien sûr, au débat, mais cela ne retire rien à notre liberté de parole ». Et d’ajouter : « à l’évidence, il faut que le logement sorte d’une question de spécialistes et de techniciens, c’est un sujet transverse qui touche à la vie de tous, à la santé, aux transports, à l’urbanisme, à tout ce qui fait la vie ».

A la tête de la Fondation et de ses 160 salariés, Christophe Robert, heureux père de trois enfants, joue – quand il peut – de la guitare (c’est un fan de Georges Brassens) et regrette de n’avoir pas le temps d’écrire. Le jury des « Trophées Logement et Territoires », présidé par Emmanuelle Cosse et Philippe Pelletier, de son côté, a voulu saluer – on ajoutera que ce n’est que justice – cet homme qui aime à rappeler que « l’Abbé Pierre nous a laissé cette force de ne jamais s’habituer à la pauvreté »…

Christophe Robert (Fondation Abbé Pierre) : ne jamais s’habituer à la pauvreté