Interrogé sur ses terres, en décembre, lors du dernier Simi, au micro d’« Immoweek », sur les « gigantesques » travaux de réaménagement on parle de 17 hectares qu’il conduit, il n’hésite pas à qualifier la Croisette de « plus prestigieuse avenue du monde ». Et d’afficher un milliard d’euros d’investissements privés dans le bâti, dont le plus gros investissement hôtelier d’Europe avec le Carlton et les 175 millions d’euros de subventions qui lui ont permis de démarrer le ré-ensablement des plages avec un système innovant d’endiguement sous-marin. Et de souligner « sa » politique de développement durable en faveur de la mer : « on va bientôt inaugurer une nurserie à poissons, une grande première, en lien avec le projet de thalassothérapie sur la Croisette. Il s’agit de protection, mais aussi de ressource… la mer va fournir frigories l’été, calories l’hiver, une énergie à 75 % décarbonée, à disposition des immeubles riverains, à un prix inférieur au prix du marché. Et cette fois, sans un euro d’argent public… C’est enthousiasmant et c’est aussi cela la ville de Cannes ! ».

Il faut alors entendre David Lisnard parler de la mer (podcast en ligne sur immoweek.fr), lui-même héritier d’une famille de pêcheurs dans la baie « depuis le 15ème siècle », avec une émotion qu’il maîtrise très vite pour aborder les questions qui fâchent : « nous élus, nous sommes, par définition des généralistes. Il faut que les promoteurs en soient conscients, parce que l’espace est contraint et, de plus en plus, parce qu’on nous pond, tous les jours, des injonctions contradictoires… L’Etat organise la pénurie du foncier avec des procédures étouffantes de bureaucratie. On ne peut pas faire de procès aux maires, ils veulent tous faire beau, faire bien, défendre l’écologie autant que l’économie de leurs villes. Cela passera forcément par une remise en cause de la façon conformiste dont on gère la France ».

Cannes, c’est aussi, loin des « sunlights » et du front de mer, une politique remarquée depuis vingt ans en faveur du logement et, particulièrement, du logement social. Conseiller municipal et adjoint au maire depuis 2001, David Lisnard succède à Bernard Brochand en 2014 et s’enorgueillit d’avoir considérablement fait chuter le nombre de logements vacants, pour atteindre le taux de 17,63 % de logements sociaux, le plus fort de toutes les Alpes-Martimes, loin devant Nice (12 %). « Vouloir plus, c’est risquer de détruire les équilibres de la ville, et c’est un vrai débat avec l’Etat ».

Il n’a pas hésité, il y a quelques semaines, à relancer le clivage droite/gauche à ce sujet, « à s’écharper » ont dit certains avec Emmanuelle Cosse, la présidente de l’USH (Union Sociale pour l’Habitat), par micros interposés, entre la tribune du Congrès de l’AMF et France Info. Le premier accuse : « ce qui devait être l’exception est devenu la règle, 68 % des Français sont éligibles au logement social ». La seconde lui réplique : « à chaque fois qu’un élu refuse de faire du logement social pour la France telle qu’elle est, il refuse de loger des aides-soignantes, des policiers ou des instituteurs ! ».

« Avec le retrait de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises et de la taxe d’habitation, on nous met un peu plus sous la dépendance de l’Etat… Il est temps de mettre de la démocratie locale là où il y a de la bureaucratie ! » : David Lisnard attend une réponse des pouvoirs publics. Plus iconoclaste que partisan d’une ligne politique, il est le représentant de la dernière génération des « bébés Chirac ». Il a pris la suite, à la présidence de l’AMF, de François Baroin qui ne voulait pas d’autre successeur…

David Lisnard (AMF, Maire de Cannes) : iconoclaste