Quel bilan est-il possible d’établir à date concernant la situation des commerces sur les Champs- Elysées ?

Les Champs-Elysées ont regagné en attractivité et en dynamisme et ce, grâce à plusieurs facteurs. Depuis 2014, on dénombrait environ deux transactions par an sur l’avenue et ce, jusqu’en 2022. En revanche, pour la seule année 2023, nous avons enregistré une dizaine de transactions réalisées, soit cinq fois plus que d’habitude. Ces transactions se sont organisées autour de trois thématiques : le luxe, les « pop-up » (magasins éphémères) et le sport, à la faveur de la tenue prochaine des Jeux Olympiques. Les JO sont un catalyseur d’une attractivité renouvelée pour le long terme. En effet, si l’on compare le flux piéton entre 2022 et 2023, celui-ci a crû de 12 % sur l’ensemble de l’année (de décembre à décembre). C’est une progression importante qui démontre que malgré l’absence d’une clientèle asiatique et issue des pays de l’Est, il y a eu une forte affluence de la clientèle touristique française et internationale, avec en tête les Américains.

Quels types de disponibilités offrent les Champs-Elysées en termes de baux pour les enseignes ?

Il en existe essentiellement deux types: des immeubles qui vont être restructurés après les JO, ce qui permet de libérer des espaces pour avoir des possibilités d’installations éphémères pour les enseignes ; et les baux longue durée. D’ailleurs, les valeurs locatives de certaines transactions éphémères ont parfois été supérieures aux valeurs locatives de transactions sur des baux de long terme.

Quels types de transactions éphémères recensez-vous ?

L’une des transactions que nous avons réalisées concerne le «125 Champs-Elysées», avec un sponsor des JO (Galaxy store by Samsung) qui va s’y installer. Autre transaction que Cushman & Wakefield a bouclée : « Rituals », au numéro 33. A noter aussi le magasin Renault, au 31-33, qui fermera probablement dans le courant du premier semestre. Grand Optical s’est trouvé un « pop-up » au 88, à proximité de son magasin historique, le temps de réaliser des travaux. Par « pop-up », nous entendons un bail de courte durée non-renouvelable, inférieur à 36 mois. L’idée est d’occuper un espace pendant un court moment pour des raisons de visibilité et d’effet d’aubaine par rapport aux JO, ou bien pour s’y installer le temps que des travaux soient effectués au sein de l’adresse historique. Renault, par exemple, a changé d’adresse le temps de rénover sa boutique principale et historique. Idem pour Grand Optical et Sephora.

Quelles autres grandes transactions, celles-ci non pas éphémères mais pérennes, mettriez-vous en avant ?

En 2021, la boutique du PSG a été transférée du 27 vers le 92.

En 2022, l’enseigne Zara a signé un grand magasin au « 74 Champs-Elysées », en lieu et place de l’ancienne galerie du Claridge, une transaction SCC Vendôme pour un mandat en co-eclusivité avec Cushman & Wakefield.

En 2023, JD Sport a signé au 118 (transaction Knight Frank pour un mandat en co-exclusivité avec Cushman & Wakefield). Nous avons réalisé la signature de Levi’s qui a ouvert à l’emplacement de l’ancien Disney Store, tandis que Calvin Klein (transaction Knight Frank avec Cushman & Wakefield) a signé en lieu et place de l’ancien Zara. Enfin, le flagship Adidas de plus de 3 000 m2 va ouvrir à la place d’H&M, au 88, juste en face du flagship Nike.

Depuis le début 2024, nous avons signé, au « 30-32 Champs-Elysées », la marque Delsey, qui constitue à ce jour l’une de nos dernières signatures.

Qu’en est-il du luxe ?

C’est Yves-Saint-Laurent qui a ouvert le bal du luxe en période post-Covid en prenant à bail le « 123 Champs-Elysées ». IWC, célèbre horloger de luxe, s’est implanté au 73. Nous avons signé le magasin Sandro au 91, de même que Panerai (groupe Richemont) au 120. Enfin, le joailler Messika a signé son magasin du 52-60.

Il ne faut pas oublier que le Comité des Champs- Elysées (présidé par Marc-Antoine Jamet) et la Mairie de Paris ont la volonté, à horizon 2030, d’effectuer une rénovation drastique de l’artère, de la voierie et des terrasses, qui seront harmonisées

«Les JO sont un catalyseur d’une attractivité renouvelée pour le long terme »

Toujours concernant le luxe, le groupe LVMH semble s’être également positionné…

Le groupe LVMH a fait l’acquisition de son immeuble historique du 101, à l’angle de l’avenue George V. Et, plus récemment, il a acquis, auprès de Groupama, un ensemble immobilier situé au 144-150. Il y a deux autres transactions, historiques et iconiques, mais un peu moins récentes, au 103 et au 100 de la part de LVMH.

Comment expliquer cet attrait suscité par les Champs-Elysées auprès des grands groupes de luxe ?

Ces marques souhaitent se positionner sur les très grandes artères mondiales ; elles ouvrent tout à la fois des boutiques sur des artères moins grand public comme l’avenue Montaigne, mais aussi sur des avenues-vitrines telles que les Champs-Élysées, afin de capter le plus large échantillon de clientèle possible.

Enfin, qu’en est-il des valeurs locatives sur l’avenue ?

Par le passé, il était fréquent d’opposer trottoir pair et trottoir impair ; le premier était celui qui valait le plus cher, tandis que le second était plus discrétionnaire. Aujourd’hui, avec les transactions des enseignes de luxe et premium qui se sont davantage positionnées sur le haut de l’avenue (de l’avenue George V jusqu’au rond-point de l’Etoile), et les enseignes davantage « mass market » sur la partie basse, le vrai écart des valeurs locatives se situe désormais entre le haut et le bas des Champs- Elysées. Sur le haut de l’avenue, nous avons retrouvé des valeurs locatives que l’on avait pré-Covid ; sur le bas, nous sommes encore sur des valeurs locatives qui sont inférieures d’environ 10 % à celles enregistrées avant la période Covid.

Christian Dubois (Cushman & Wakefield) : "les Champs-Elysées ont regagné en attractivité et en dynamisme !"