WiSEED se définit comme une startup de crowdfunding (financement participatif en français). Pourriez-vous revenir sur la genèse de ce projet, ainsi que ses principales caractéristiques ?

WiSEED a été la première plateforme de financement participatif créée en France, en 2008, à l’initiative de deux hommes : Nicolas Sérès et Thierry Merquiol. L’ADN de cette entreprise était de rendre accessible à des investisseurs privés particuliers le financement de classes d’actifs jusqu’alors réservées à des investisseurs professionnels ou institutionnels. L’objectif premier était de démocratiser l’investissement.

Le succès rencontré par WiSEED a été progressif, s’est construit dans la durée. À partir de 2015, le recours au crowdfunding a explosé et, depuis lors, sa croissance est continue. A date, nous avons financé près de 1 000 projets (939 pour être précis), pour un peu plus de 450 millions d’euros. À 80 %, les sommes placées par nos investisseurs financent des promoteurs immobiliers et marchands de biens ; pour les 20 % restants, des startups tournées vers la transition énergétique, la santé et l’innovation.

Nos investisseurs sont fortement incités à constituer des portefeuilles diversifiés, tant en termes de rendements que d’innovations ou encore de maturité (durée pour laquelle l’argent est placé). Cette durée varie de 12 mois à 36 mois et peut atteindre, sur la partie startup, cinq à sept ans. Les investissements longs supposent logiquement des promesses de rentabilité plus élevées, mais sont davantage risqués.

Comment est aujourd’hui structuré WiSEED ?

Nous avons, à date, 45 collaborateurs et notre activité maille l’ensemble du territoire national. Nous recensons 30 000 investisseurs particuliers qui placent des tickets d’un montant oscillant largement entre 100 et 100 000 euros (avec une moyenne de ticket individuel fixé à 1 000 euros de placements) et ce, plusieurs fois par an. Le panier moyen atteint, quant à lui, 15 000 euros, avec une moyenne de 15 participations en obligations ou en « equity ».

Les investisseurs s’inscrivent préalablement sur la plateforme internet de WiSEED (parcours entièrement digitalisé) et sont complètement autonomes dans leurs choix d’investissements. Toutes les informations sont disponibles sur notre site afin que chaque investisseur dispose de l’ensemble des éléments lui permettant d’analyser et comprendre les projets que nous lui proposons ; il peut ainsi faire ses choix de placements en toute connaissance de cause, dans un souci de transparence à 100 %. Nous mettons également un point d’honneur à informer des risques inhérents à tout placement, même si nous essayons de les limiter au maximum. Le devoir d’information et de pédagogie est l’une de nos valeurs cardinales.

De plus, notre activité est régulée par l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, institution intégrée à la Banque de France) et par l’AMF (Autorité des marchés financiers). Nos processus de sélection des projets sont rigoureux, consciencieux, avec des audits poussés effectués en amont. Nous nous assurons qu’au moment où nous proposons des placements à nos investisseurs, toutes les règles fondamentales soient respectées.

Existe-t-il un tri des potentiels investisseurs ? Tout le monde peut-il prétendre devenir investisseur ?

Oui, du moment que vous avez répondu au questionnaire en ligne. Nous vérifions que vous êtes un minimum informé, que vous savez distinguer une action d’une obligation… Nous vérifions également que vous avez conscience des risques que comporte chaque placement. Plus généralement, nous testons la cohérence des réponses. Une fois la phase des questionnaires validée, vous avez accès à l’ensemble des informations sur toutes les sociétés et les projets que nous finançons. Tous les trois mois, nos investisseurs reçoivent un reporting rédigé par les dirigeants et qui fait une synthèse de l’avancée des projets ou de l’entreprise. Et ce, jusqu’au complet remboursement des investisseurs.

Quels types d’actifs contribuez-vous à développer grâce au financement des investisseurs ?

Principalement du résidentiel (environ 75 %) et du tertiaire dans une moindre mesure. Pour les marchands de biens que nous finançons, les projets peuvent être mixtes et intégrer différentes typologies d’actifs. Entre le moment où le promoteur ou le marchand de biens nous contacte et le moment où nous lui versons les fonds, il s’écoule un mois : une semaine d’audit, puis comité d’engagement, une semaine de montage du dossier, une semaine de collecte des fonds et une semaine de « closing ».

Ne pas oublier que notre credo reste la prudence, d’autant plus dans le contexte économique que nous vivons aujourd’hui. Nous visons une croissance maîtrisée et souhaitons financer uniquement des projets dans lesquels nous croyons réellement et pour lesquels toutes les diligences ont été réalisées. Nous devons sans cesse trouver le bon équilibre entre prise de risque et limitation de ces risques pour les investisseurs qui nous font confiance. Tout est anticipé au maximum, avec des bilans d’opérations audités en amont afin de vérifier la solidité de la structure économique des différents acteurs. Tout en sachant que des éléments exogènes parfois non anticipables (crise sanitaire, tensions géopolitiques, approvisionnement en matériaux et en main-d’œuvre…) peuvent aussi intervenir.

Nous offrons des placements avec des rendements de 10 % et nous limitons le risque au maximum. Cependant, le risque le plus élevé est celui des liquidités : il arrive parfois qu’il y ait des retards dans le remboursement, mais le rendement reste identique et cela ne met pas en danger le projet. Encore une fois, ce qui est important, c’est la rentabilité globale d’un portefeuille, donc sa diversification.

Quels profils d’opérateurs ont vos faveurs en matière de financements ?

La règle que WiSEED s’est fixée est de financer uniquement des opérateurs professionnels et expérimentés. Nous n’accompagnerons jamais des opérateurs inexpérimentés qui ambitionneraient d’acheter quelques appartements pour en faire des Airbnb, ce n’est pas notre cible. Nous ne finançons que des opérateurs ayant pignon sur rue et qui ont déjà réalisé, a minima, trois ou quatre opérations et qui justifient de deux bilans annuels clôturés et certifiés par un expert-comptable ou un commissaire aux comptes (en fonction des seuils). Nos développeurs répartis sur le territoire nous remontent les informations nécessaires pour bien appréhender les caractéristiques réelles des acteurs qui souhaiteraient faire appel à nous. Il est important d’aller sur les chantiers, de rencontrer les opérateurs, de dialoguer avec eux de visu. C’est une composante essentielle de notre métier.

Mathilde Iclanzan (WiSEED) : "Nos credos ? Prudence et transparence !"