Comment s’est passée 2020 pour Arcange ?

Le début de l’année 2020 s’est inscrit dans la continuité de 2019, soit sur un rythme intense jusqu’au 17 mars, date du premier confinement. Cet évènement, cette période, qui rappelle un peu ce qui s’est passé lors de la crise des années 1990 liée à la guerre du Golfe, nous a évidemment conduit à nous interroger sur la suite. Très rapidement, nous nous sommes mis en ordre de marche pour nous adapter à cette nouvelle situation et poursuivre notre activité : travail avec les banques, mais aussi avec nos locataires, très fortement impactés par la fermeture de leurs commerces, afin de les accompagner dans les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer. Pour Arcange, 2020 fut aussi une année d’arbitrages, après deux années successives d’acquisitions, avec des opérations que nous souhaitions céder afin de réaliser de nouveaux investissements. Le plan d’arbitrage, acté début 2020, a été confirmé et les cessions se sont concrétisées, de manière très « nouvelle », via ces outils (Zoom, Teams…, ndlr) qui sont devenus nos nouveaux outils de travail. L’adaptation à cette nouvelle donne imposée par la crise sanitaire a été, pour Arcange, très rapide ; nous avons mobilisé nos interlocuteurs notaires, avocats, pour déboucler et concrétiser les deals. Des promesses de vente, signées en début d’année 2020, ont été concrétisées pendant le confinement grâce aux signatures électroniques que nous avons été parmi les premiers à mettre en œuvre. Le fait d’avoir pris un peu de recul a permis de réfléchir à l’orientation qui serait donnée. La mobilisation des équipes, tout au long de la période nous a permis de passer l’orage et d’envisager le marché comme propice aux opportunités. Le secteur, aidé par les pouvoirs publics, a tenu ; nous avons arbitré, investi et nous avons continué aussi à gérer « en bon père de famille » les 55 actifs que nous détenons en portefeuille.

Revenons sur les arbitrages ? Quels ont-ils été ?

En 2020, plus de 200 millions d’euros d’actifs ont été cédés et nous avons arbitré, sur la seule période qui court de mars 2020 à fin juin 2020, plus de 100 millions d’euros d’actifs. Parmi ceux qu’il est possible de citer : la vente à un privé du 46, rue Saint André des Arts, immeuble d’habitation comptant 17 appartements sur sept étages, que nous avons entièrement restructuré, en association avec l’architecte Laura Gonzalez. Cette vente, assez significative de l’état du marché, a permis de dissiper les questions qui se posaient avec le confinement : il existe toujours d’importantes liquidités et des acheteurs en recherche d’actifs de qualité comme ceux que nous détenons. Nous avons, par ailleurs, vendu à un fonds détenu par un institutionnel, des plateaux de bureaux au 89, rue du du Faubourg Saint-Honoré. Une cession d’un montant de plus de 50 millions d’euros. Autre cession, rue des Jeûneurs, de l’un de nos immeubles mixtes commerce, bureaux et habitation, acquis il y a deux ans et qui accueillait le siège social de la marque Sézane ; l’institutionnel qui l’a acquis, déjà propriétaire de plusieurs immeubles dans ce secteur, va entièrement le réhabiliter.

Et qu’en est-il des investissements ? Et des opérations en cours ?

Parmi les investissements les plus emblématiques, nous avons finalisé l’acquisition, en participation avec CFC, pour un montant de plus de 150 millions d’euros, du « 12-14 Castiglione », un immeuble remarquable proche de la place Vendôme (photo ci-dessous). Il s’agit, là aussi, d’un immeuble mixte bureaux, commerce et logement, appartenant précédemment à trois propriétaires différents. D’autres acquisitions sont en cours actuellement, de taille plus modeste. Quant aux opérations qui sont aussi notre actualité, un projet rue du Mont Thabor, où nous terminons la réhabilitation et transformation d’un parking appelé à devenir un lieu magique dont nous reparlerons très vite. Autre sujet, le 12, rue de la Paix, « trophy asset » de bureaux et commerces, qui nous permet de « boucler » le périmètre que nous avions visé dans notre stratégie d’investissement.

Comment appréhendez-vous 2021 et la suite ?

Aujourd’hui rassurés sur la solidité du marché et de nos partenaires, nous poursuivons notre stratégie en nous adaptant aux nouvelles contraintes (télétravail, santé) qui font que l’activité ne peut être aussi intense qu’autrefois. 2021 est, à mon sens, une période de développement pour le groupe et de changement de braquet. Le confinement a joué un rôle d’accélérateur de tendances : il faut aménager autrement les bureaux, réfléchir à la manière de « consommer l’immobilier ». En matière d’habitation, il faudra aussi « penser télétravail », en créant des espaces adaptés. Il faut penser services, lieux d’animation. Cette réflexion, nous l’avons menée et la mettons en œuvre dans nos projets. Investir dans des immeubles bâtis il y a 200 ans et les transformer pour les adapter aux nouvelles tendances, anticiper ce que seront ces tendances, c’est être un peu un créateur et un créateur de valeur pour nos immeubles.

Vous avez, également, acquis votre nouveau siège social, un hôtel particulier dans le 16ème arrondissement : quelques mots à ce sujet ?

Nous nous installons, en effet, non loin de la place Victor Hugo, rue Leroux, dans un hôtel particulier acheté pendant le confinement. Ce sera un lieu de travail extraordinaire, un espace de représentation qui portera l’image que souhaite afficher le groupe Arcange.

Michaël Sfedj (Arcange) : "2021 est une période de développement pour le groupe"...