Vous venez tout juste d’être nommée à la direction d’Action Logement : dans quel état d’esprit abordez-vous cette nouvelle fonction ?

Je suis très fière de cette nouvelle mission qui m’a été confiée par les partenaires sociaux, une mission qui a du sens et correspond aux valeurs que je porte depuis longtemps. Elle s’inscrit dans mon engagement en faveur des problématiques du logement, du logement social, dans un contexte où ce sujet est depuis quelques mois rendu plus visible. Les confinements ont mis en lumière l’importance du confort de l’habitat et la nécessité d’être bien logé ; Action logement est un acteur clé en la matière, qui apporte des réponses concrètes et opérationnelles à ces problématiques. J’appartiens déjà au groupe Action Logement, aussi, lorsque l’on a fait appel à moi, je me suis sentie non seulement honorée, mais également engagée auprès des collaborateurs du groupe, pour porter une nouvelle dynamique et succéder à Bruno Arbouet qui a réalisé, depuis cinq ans, un important travail dans un contexte très particulier. La crise sanitaire, la crise économique, une demande de la part de l’État d’amélioration des performances, créent en effet un environnement qui engage l’ensemble des collaborateurs du groupe à être parties prenantes dans les diverses attentes envers Action Logement.

Quelles sont ces attentes ?

Nous sommes attendus dans l’accompagnement de nos locataires, dans celui des entreprises et des salariés qui pour une partie connaîtront des difficultés économiques. Ceci grâce notamment aux dispositifs d’ores et déjà déployés comme l’aide à la quittance, la garantie Visale ou les aides à la mobilité, mesures qui fonctionnent aujourd’hui très bien, permettent ce soutien aux locataires et accélèrent l’accès au logement. Nous sommes, par ailleurs, attendus sur le sujet de la relance économique, avec les chantiers, la construction, la réhabilitation… Rappelons qu’Action Logement est le premier bailleur social privé de France, avec un million de logements, soit un quart du parc HLM, et qu’il représente aussi 40 % de la production neuve. Nous avons en outre une responsabilité importante, via Action Logement Services, dans le financement des bailleurs sociaux dans leurs projets de construction. Toutes ces actions sont créatrices d’emplois, dans un secteur, celui du bâtiment, qui n’est par définition pas délocalisable. L’enjeu pour l’économie et pour notre pays est essentiel et Action Logement, qui est le plus grand acteur de l’économie sociale et solidaire, avec près de 18 000 collaborateurs, a un rôle très important à jouer.

Les partenaires sociaux qui composent Action Logement sont-ils tous sur cette même ligne ?

Les partenaires sociaux sont mobilisés et engagés ; ils portent cette question du logement des salariés qui est leur vocation première, et portent également les politiques du logement (Anru, Action Cœur de Ville notamment, ndlr) et le soutien global à l’économie. L’existence d’un organisme paritaire tel que celui-ci est une chance, il faut aujourd’hui, alors qu’une réforme est engagée, formuler des propositions qui resteront efficientes et pragmatiques. Le temps est à l’action et à l’unité ; c’est le sens que je donne à la décision du gouvernement de vendredi 6 novembre*. Je crois à cette mission d’Action Logement et à cet outil unique.

Quelques mots aussi sur Seqens que vous quitterez fin novembre ?

Je quitte le groupe avec un pincement au cœur… Nous avons, il y a un an, réussi avec Seqens un beau regroupement de structures, preuve que la stratégie des partenaires sociaux, dans cette réforme d’Action Logement inscrite dans la loi Elan, était la bonne. La décision de se doter d’un réseau d’opérateurs territoriaux, plus forts, a porté ses fruits puisque, en 2020 Seqens aura déposé plus de 4 000 agréments de logements sociaux et que d’ici trois ans, tous les travaux sur les logements « passoires thermiques » auront été lancés. Nous venions tout juste d’élaborer notre Convention d’utilité sociale et l’avions présentée à des élus qui ont tous été intéressés par la démarche. Seqens est aujourd’hui un très bel opérateur avec une expertise et des moyens importants, dans une région où les enjeux logement et les enjeux économiques sont très forts. C’est une satisfaction, pour l’ensemble des équipes et pour moi-même.

*Lors de discussions au parlement sur Action Logement, le gouvernement a indiqué que « chance serait laissée au dialogue entre partenaires sociaux pour aboutir à un consensus ».

Diplômée de l’École polytechnique et de l’École nationale des Ponts et Chaussées, Nadia Bouyer débute sa carrière au ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement en Bretagne puis à paris. Entre 2007 et 2011, elle est conseillère technique aménagement et logement au cabinet du Premier ministre, puis directrice du cabinet du secrétaire d’État chargé du Logement et de l’Urbanisme (Benoist Apparu). Elle rejoint en 2011 la Cour des comptes et devient en 2014 adjointe du rapporteur général du rapport public et des programmes. Nadia Bouyer fut, en 2019, élue « Professionnelle de l’Année » aux « Trophées Logement & Territoires ».

Nadia Bouyer, nouvelle directrice générale d'Action Logement : "le temps est à l'action et à l'unité"