Vous indiquez que le groupe REALITES a enregistré une hausse de 32,6 % de son chiffre d’affaires au premier semestre 2023. Pouvez-vous nous commenter ce chiffre ?

Déjà, nous nous en félicitons. Néanmoins, le contexte du marché est particulièrement difficile depuis le début de l’année, ce qui ne nous a pas permis d’atteindre un chiffre d’affaires plus élevé. Cette progression correspond peu ou prou à la croissance qui est la nôtre depuis plusieurs années, témoignant de la dynamique du groupe. Pour la fin 2023, nous visons un chiffre d’affaires supérieur à 400 millions d’euros, même si la trajectoire que nous avions préalablement établie devait nous conduire à un chiffre d’affaires de 850 millions d’euros en 2025. Mais, encore une fois, le contexte nous a fait revoir cet objectif financier, qui pourrait être difficilement atteignable au regard de la conjoncture.

De plus, les projets que nous développons aujourd’hui sont pilotés avec beaucoup plus de rigueur et un fort accent mis sur la sécurisation des opérations. Il faut avoir en tête que le marché résidentiel est actuellement à -35 %, le tertiaire entre -35 et 50 % ; malgré cela, nous parvenons, je pense en partie du fait de la pertinence de notre positionnement, à maintenir notre trajectoire de croissance.

REALITES a annoncé accélérer la fabrication de logements en préfabriqué près de Rennes. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette initiative et ce qui l’a motivée ?

Cette initiative a été lancée il y a un peu plus de deux ans à la faveur d’une opération de croissance externe puisque nous avons racheté un opérateur de maisons à ossature bois du nom de Tessa Industrie avant de le transformer : nous avons déménagé son site de production et investi en ingénierie pour en faire un outil industriel qui corresponde à notre vision. La réussite de la construction industrielle hors-site passe par une démarche produit très forte : cette dernière n’est possible que pour un groupe intégré étant développeur territorial et ayant une activité de maîtrise d’ouvrage. L’ensemble de ces paramètres nous permet d’avoir une connaissance du client final et de ses besoins en projets.

L’acte de construire et la façon dont nous bâtissons nos immeubles doivent changer. Déjà pour des raisons environnementales évidentes, ensuite car les cycles conjoncturels du marché sont de plus en plus courts et violents. Entre le moment où l’on détecte un foncier et celui où l’on va le mettre en commercialisation, plus le délai est long, plus le risque est grand d’être à contrecycle, en retard sur la nouvelle réglementation. Identification foncière, obtention du permis de construire, plans de consultation, dossier d’exécution, réalisation : les délais d’attente entre les différents maillons de la chaîne doivent être raccourcis au maximum.

Au-delà de l’exemple rennais, d’autres projets de ce type sont-ils en cours réflexion ?

C’est vrai que notre projet-phare reste celui de Rennes, où nous allons construire, pour le compte de la Rennes Business School, environ 520 logements en construction modulaire et 100 % en bois à destination des étudiants. Nous avons également d’autres projets dans les cartons : le programme Agora de maisons individuelles, à Cherbourg, et d’autres en Ile-de-France. Cela va de la façade à ossature bois au logement 3D qui arrive déjà tout équipé sur chantier sous forme de construction modulaire.

D’ici 2030, je pense que le bois représentera 20 % du marché global de la construction. Pour autant, le bois n’est pas adapté à tout type de construction, de même qu’il ne l’est pas à tous les budgets ; le bois est encore un peu plus cher que les matériaux plus traditionnels. Mais ses performances sont exceptionnelles, ce qui justifie son recours dès que l’opportunité se présente.

Vous avez pour ambition d’intégrer le top 10 des promoteurs français d’ici à 2030. Malgré le contexte, cet objectif est-il toujours d’actualité ?

Nous ne nous posons plus réellement la question aujourd’hui. Nous visons une croissance rentable avant tout. Le sujet est de poursuivre une croissance s’alignant sur les conditions actuelles du marché. Nous voulons également mailler le plus possible le territoire ; nous sommes présents dans un certain nombre de villes dites secondaires depuis de nombreuses années : Saint-Malo, Angers, La Rochelle… Ces villes continuent d’être attractives. Sur notre offre, elle va du résidentiel au logement géré, au tertiaire, aux bâtiments d’activités et de loisirs… Nous voulons enfin asseoir notre présence internationale : pour le moment, nous le sommes au Maroc et au Sénégal.

Jean Rottner, ancien président du conseil régional du Grand Est, a été nommé au poste de président de la direction régional Grand Est. Comment s’est opéré ce rapprochement ?

Yoann Choin-Joubert et Jean Rottner se sont compris et entendus à une période où Jean Rottner s’interrogeait sur la poursuite de son encagement et de son mandat pour des raisons personnelles. Je pense qu’il a été séduit par le profil et la stratégie de REALITES pour développer les territoires. Nous partageons une passion commune pour la dynamique territoriale appliquée à l’immobilier. Il va nous apporter sa connaissance très fine de sa région. C’est le seul sujet qui a motivé sa venue. Il a légitimement pensé qu’avec les atouts et les armes du positionnement stratégique de REALITES, il allait pouvoir développer beaucoup d’opérations qui seraient bénéfiques au territoire sur lequel nous œuvrons.

Thomas Lierman (Groupe REALITES) : « pour fin 2023, nous visons un chiffre d’affaires supérieur à 400 millions d’euros »