Robien, Scellier, Duflot, Pinel… La France a vu défiler de nombreux ministres et a dépensé des milliards d’euros de fonds publics pour soutenir la construction de logements – le logement étant, rappelons-le, pourvoyeur de revenus au budget de l’Etat. Néanmoins, le constat est là : malgré les meilleures intentions, c’est un échec. Bien que nous ayons réussi à construire, immeubles et habitations, la Caisse des Dépôts et consignations (CDC) a dû racheter des milliers de logements dès 2020 pour soutenir leur production et nous sommes aujourd’hui dans une impasse. La CDC vient, d’ailleurs, d’annoncer un nouveau plan d’achats massifs.

La promotion immobilière est en crise, c’est un fait. Tant que les prix montaient et que les taux d’intérêt restaient bas, le modèle était rentable. Mais maintenant que les taux s’enflamment, la machine s’enraye. Une crise pouvant en cacher une autre, le crowdfunding qui a fait les beaux jours de certains met en danger jusqu’à leur existence : pourquoi ? Ce procédé a permis aux acteurs qui n’avaient pas assez de fonds propres, d’emprunter afin d’avoir suffisamment de fonds pour (…) emprunter. Aujourd’hui, le système se bloque et le modèle déraille. Et si c’était une bonne nouvelle ?

Cesser de construire autant de logements neufs, comme c’est la tendance, ne signifie pas renoncer à construire des logements ! Cela signifie construire autrement, sur des ruines et de l’existant. Les fondations des logements de demain existent déjà. Elles sont dans nos villes, nos quartiers à rénover, notre patrimoine à transformer. Réhabiliter les cœurs de ville, c’est permettre à l’histoire de notre pays de continuer à exister demain. La France est riche de son patrimoine territorial qui doit vivre et se densifier pour perdurer. Pour cela, nous devons mobiliser des capitaux privés à leur juste valeur. Aux élus la vision, aux investisseurs le modèle économique, aux architectes le coup de crayon et aux maires, toujours, la prise de décision. L’Etat n’a plus à mettre la main au portefeuille et c’est une bonne nouvelle pour le contribuable. Moins de pollution, moins d’artificialisation des sols, moins de discussions dans les arrière-salles des restaurants. Le secteur du logement dispose d’une intelligence suffisante pour réussir. Quant au législateur, il peut faciliter ce nouveau modèle par une simplification des normes et un raccourcissement des délais. La construction durable et en accord avec son temps est donc possible à condition de l’accompagner :

Accompagner la révolution verte, qui doit répondre aux besoins des classes moyennes : réduire les délais de construction dans l’ancien, faciliter la réhabilitation des quartiers en difficulté gangrénés par les marchands de sommeil.

Accompagner la zéro artificialisation nette (Zan) : avant d’étendre les villes à l’infini, réhabilitons les centres-villes et les quartiers « usés » des villes moyennes, en encourageant une densification raisonnée.

Accompagner ces changements à travers un grenelle de la simplification : plutôt que des enveloppes budgétaires, simplifier les normes et accélérer les procédures, voilà le rôle de l’Etat.

Depuis la restitution des travaux du CNR logement en juin dernier, le secteur est dans l’expectative. Soit nous continuons avec les recettes du passé : la crise momentanée fera le tri, puis de nouveaux dispositifs produiront les mêmes effets. Soit nous osons la densité raisonnée, la rénovation du patrimoine territorial, eux seuls permettent de créer du logement durable et adapté à une socialisation moderne.

Cette crise est l’occasion de faire entrer l’immobilier dans le 21ème siècle, relevons ce défi ensemble : simplifions, rénovons et évitons cette bombe sociale qui menace notre pays.

Elias-Antoine Chebak
Président PURE le Projet

Elias-Antoine Chebak : "la promotion immobilière en réanimation, ne craignons pas la révolution"